Les enseignants et les enseignantes contractuels de tamazight, qui mènent depuis samedi une grève de la faim à Alger, seront reçus ce matin au ministère de l'Education nationale, selon le porte-parole des grévistes. « Nous espérons que cette rencontre aboutira à un dénouement heureux de cette triste affaire », nous a déclaré une femme enseignante, blottie sous une couverture de fortune. Les grévistes, qui s'élèvent contre la non-reconduction de leurs contrats, sont originaires de la wilaya de Bouira. Ayant choisi le seuil d'entrée de la maison de la presse Tahar Djaout, ils estiment que le site est « mieux indiqué pour faire entendre (leur) voix ». « Nous attendons des autorités centrales une décision courageuse. Nous espérons être réintégrés après cinq années de loyaux services sur insistance de l'Etat. Il est déplorable de nous licencier alors que nous avons eu à assumer les premières classes de tamazight », regrettent les grévistes, en majorité chefs de famille. Très affaiblis, les enseignants se sont encore abstenus hier de se nourrir. Pas de nourriture, sauf de l'eau et quelques morceaux de sucre étaient entreposés sur des couvertures noircies par les gaz dégagés par les automobiles. Quatre grévistes, dont une femme enceinte, ont été évacués vers l'hôpital Mustapha. Après une consultation au pavillon des urgences, les malades ont rejoint le groupe, toujours adossé au mur d'enceinte de la maison de la presse. A 13h, une voiture de police s'arrête devant le trottoir où les contestataires ont élu domicile. Visiblement peinés par la condition des grévistes — trois d'entre eux dormaient d'un profond sommeil — des officiers de police en civil firent discrètement un signe de la main au porte-parole des enseignants. « N'occupez pas la voie en entier, veuillez laisser un passage aux piétons », a lancé un des policiers au responsable du groupe. Des syndicalistes, des députés et des militants des droits de l'homme ont exprimé sur place leur solidarité avec les grévistes. Même le Haut Commissariat à l'amazighité (HCA) a délégué un représentant auprès des grévistes. La venue d'un responsable « influent » du HCA est perçue comme étant un point positif d'autant plus que l'institution en question est rattachée à la présidence de la République. Les enseignants vacataires, au nombre de 32, ont exercé durant cinq ans dans différents établissements de la wilaya de Bouira. En septembre 2007, le ministère de l'Education nationale a mis fin à la relation de travail au motif que ces enseignants n'ont pas de licence en tamazight. Il faut savoir cependant qu'une bonne partie des concernés possède un diplôme de graduation universitaire de même qu'elle a subi des cursus de courte durée afin d'avoir la qualité d'enseignant de tamazight.