Les immigrés clandestins seraient des centaines de milliers à jeter leur dévolu sur l'Algérie, même si la destination finale de l'immigré demeure l'Europe occidentale. L'Algérie continue de recevoir des milliers d'immigrés clandestins, venus principalement d'Afrique. S'il est difficile d'arrêter un chiffre reflétant la réalité, le nombre des sans-papiers à fouler le sol algérien, pour la seule période allant de janvier à octobre 2007, atteindrait le nombre de 60 000. « C'est inquiétant ! », scande-t-on auprès des services de sécurité dans la mesure où il ne s'agit là que de la partie visible de l'iceberg. Il faut savoir que durant les dix premiers mois de 2007, près de 6000 clandestins ont été arrêtés par la Gendarmerie nationale, dont 4500 ont été reconduits à la frontière. Le reste, dont une infime partie a été libérée, a été écroué pour divers délits. La « porte d'entrée » reste le grand Sud, un territoire dont les frontières s'étendent sur des milliers de kilomètres, « qu'il est difficile de surveiller », relève-t-on auprès des services de sécurité. Ceux-ci estiment que si l'on arrête 10 clandestins, cela signifie que 100 personnes ont échappé aux mailles du filet et traversent ainsi illégalement les frontières de l'Algérie. Partant de ce constat, les immigrés clandestins seraient des centaines de milliers à jeter leur dévolu sur l'Algérie, même si la destination finale de l'immigré demeure l'Europe occidentale. « Le flux ne cesse de croître car l'accès à l'Europe devient de plus plus difficile. Et c'est malheureusement l'Algérie qui doit supporter la charge dont elle n'est nullement responsable », commente un officier supérieur de la gendarmerie. Chargé de surveiller les frontières, ce corps dépendant de la Défense nationale est ainsi aux premières loges concernant la lutte contre l'immigration clandestine. A Tamanrasset, lieu de convergence des flux, la Gendarmerie nationale gère depuis ces dernières années un centre d'identification biométrique. Ce qui permet aux autorités algériennes de diminuer « un tant soit peu » le flux et éventuellement mettre la main sur les récidivistes. Engagée dans la lutte anti-criminalité, l'Algérie doit faire face à plusieurs délits dont les ramifications s'étendent dans les cinq continents. La drogue, la prostitution, la fausse monnaie, sans compter les maladies tropicales ou celles pouvant se propager à grande échelle comme le sida, planent telle une épée de Damoclès sur le pays. L'Algérie peut-elle se payer le luxe de gérer une situation pour le moins contraignante ? « Nous n'avons rien contre nos frères africains, ce sont des gens qui fuient la misère, causée en grande partie par la dilapidation de ses ressources naturelles. L'Europe en est responsable, elle doit mettre la main à la poche afin que l'Afrique puisse garder ses enfants chez elle », commente une source responsable. Rappelons que l'Allemagne et l'Italie avaient demandé il y a quelques années à l'Algérie de créer des « camps de rassemblement » pour immigrés clandestins, l'objectif étant de canaliser le flux et d'empêcher celui-ci d'atteindre le Vieux Continent. Une proposition que les officiels algériens avaient vite fait de rejeter. « L'Algérie ne peut agréer pareille proposition pour la raison suivante : l'Algérie refuse d'être une prison au profit d'une Europe condamnée inexorablement à coopérer d'une autre manière avec nous », indique une source proche du gouvernement.