Après la douleur et la peur, le temps est à la sagesse. Les services du Pnud et du HCR ne fermeront pas leurs portes. Leurs activités se poursuivront dès aujourd'hui. C'est ce qu'a annoncé l'administrateur du Programme des Nations unies (Pnud), Kemal Dervis, dépêché par le secrétaire général de l'ONU et arrivé mercredi soir à Alger. Après avoir rendu visite aux blessés encore dans les hôpitaux, le secrétaire général adjoint à la sûreté a annoncé la poursuite des activités du Pnud et du HCR, les deux services les plus touchés par l'explosion. Dans une déclaration à la presse, l'envoyé spécial de Ban Ki-moon, secrétaire général de l'ONU, a lancé un message très clair : « Nous sommes à la recherche de nouveaux locaux pour reprendre nos activités le plus rapidement possible et en contact avec les autorités algériennes à ce sujet. » En fait, et selon des sources diplomatiques, une résidence a déjà été affectée par le ministère des Affaires étrangères à la représentation, pour pouvoir poursuivre ses activités provisoirement. Il s'agit d'une immense résidence mauresque, située sur le Boulevard Krim Belkacem, à Alger. Une installation officielle en présence des responsables du ministère des Affaires étrangères a été d'ailleurs effectuée en milieu de journée de jeudi, en présence d'un dispositif de sécurité discret. Lors de sa visite, M. Devis a affirmé : « Il est clair que nous avons besoin de sécurité ainsi que de l'aide des Etats membres et du pays hôte pour assurer cette sécurité. » Après avoir assuré les Algériens du soutien et de la solidarité de son organisation, le responsable onusien a indiqué à l'issue de ses entretiens avec le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, qu'« il partage la douleur des citoyennes et citoyens algériens qui ont été frappés par ces événements (dont) des collaborateurs de l'ONU et du Pnud, en particulier ». Néanmoins, dans une déclaration reprise par l'APS, il a souligné qu'il lui était difficile de trouver les mots pour exprimer ses sentiments et sa souffrance sur un acte « dirigé contre des gens, dont une très grande partie sont des Algériens et Algériennes qui œuvrent pour le développement, la solidarité humaine et contre la pauvreté ». M. Davis a insisté sur la « nécessaire » poursuite du programme commun entre l'ONU et l'Algérie, contre la pauvreté en Algérie. L'administrateur du Pnud a estimé que rien « ne peut expliquer le terrorisme, aucune cause, aucune croyance, aucune religion, aucune injustice subie ne peut justifier de tels actes ». Abondant dans le même sens, la directrice du service de l'information et porte-parole de l'Office de l'ONU à Genève, Mme Marie Heuzé, interrogée par un journaliste de l'APS, a déclaré qu'« il n'y a aucune cause ou excuse qui peut justifier la mort de civils », tout en rappelant les termes « extrêmement forts » du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, dans sa déclaration condamnant le double attentat d'Alger. Elle a enfin relevé qu'au cours de son séjour en Algérie, prévu cette semaine, M. Dervis rencontrera le personnel de la représentation de l'ONU en Algérie et rendra visite aux employés blessés. Il est important de noter que les services de la représentation des Nations unies emploient 175 personnes, dont 115 Algériens et 30 fonctionnaires internationaux. Il est vrai que les heures qui ont suivi l'attentat ont été très dures pour les survivants, notamment les expatriés, dont une partie a été prise de panique. Des rumeurs faisant état d'évacuation des ressortissants étrangers a vite fait le tour des rédactions. Mais la première déclaration est venue du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui après avoir condamné fermement l'attentat à partir de Bali, a annoncé une révision totale du dispositif de sécurité des bâtiments de l'ONU partout dans le monde. Il s'est clairement indigné en disant : « C'est une une attaque méprisable contre des individus au service des plus hauts idéaux de l'humanité, sous la bannière de l'ONU. » Le Conseil de sécurité des Nations unies a également condamné les attentats et présenté ses condoléances aux familles des employés de l'ONU tués. « Le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations constitue une des plus graves menaces pour la paix et la sécurité internationales », ont estimé ses pays membres dans une déclaration rendue publique, avant de demander l'arrestation des auteurs de l'acte terroriste. Le Haut commissaire de l'ONU aux réfugiés, Antonio Guterres, a noté pour sa part que cette attaque était « la plus grave » perpétrée contre des installations de l'ONU depuis l'attentat au camion piégé d'août 2003 contre le quartier général de l'Organisation internationale à Baghdad et qui avait fait 22 morts et plus de 150 blessés et qui, faut-il le préciser, l'a contraint à rompre provisoirement ses activités. Devant le siège des Nations unies, sur la première avenue de Manhattan, le drapeau bleu a été mis en berne. Après l'attentat à Baghdad, c'est à Alger que l'organisation est touchée de plein fouet. Mais Alger n'est pas Baghdad, parce que tous les spécialistes s'accordent à affirmer que le terrorisme ne peut en aucun cas constituer une menace pour l'Etat algérien, et encore moins conduire à une guerre civile. L'idée de fermer les bureaux n'a même lieu d'effleurer les esprits. Bien au contraire, tous les cadres onusiens sont convaincus de la poursuite des activités du Pnud et du HCR, les bureaux les plus touchés par l'attentat. Des contacts ont été entrepris pour assurer les partenaires algériens de la reprise des activités durant la semaine, même si c'est à partir d'officines ouvertes précipitamment au niveau de certains hôtels de la capitale. A signaler que les étrangers résidant en Algérie ne se sont pas rués vers l'aéroport d'Alger pour partir au lendemain de l'attentat. Au contraire, beaucoup d'entre eux n'ont pas hésité, à l'instar des Algérois, à vaquer à leurs occupations. Le terrorisme est à bout de souffle en Algérie, ce qui le rend plus redoutable, notamment depuis que les phalanges de la mort utilisent des bombes humaines, contre lesquelles aucun pays n'a trouvé de parade. Ainsi, après la douleur et la panique, le temps est à la poursuite, comme l'a si bien déclaré l'administrateur du Pnud, des programmes de lutte contre la pauvreté, une des causes du désespoir et du mal-vivre, terreau du terrorisme islamiste.