L'Etat ne réagira pas à l'affront de la chaîne Al Jazeera. Abderrachid Boukerzaza, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, a affirmé hier qu'il n'y a plus matière à parler de l'affaire du sondage lancé par la chaîne qatarie sur les attentats du 11 décembre à Alger. « Nous saluons l'adhésion de toute la société civile et la classe politique pour avoir dénoncé ce sondage », dira le ministre en notant que l'affaire est aujourd'hui close. « Les réactions suscitées par cette affaire reflètent amplement l'avis de l'opinion publique nationale, ce qui nous incite à dire que le sujet a largement été commenté et dénoncé, une mise au point claire et forte a été exprimée par toutes les catégories de la société civile », annoncera M. Boukerzaza, en tentant de réduire la dimension prise par le fameux sondage d'Al Jazeera. Encore une fois donc, le gouvernement se cache derrière la société civile et évite de se mouiller le maillot de peur de se voir acculé à son tour sur son refus d'ouvrir l'espace médiatique audiovisuel, pourtant seule parade réelle contre ce type d'attaque des chaînes satellitaires. Après le discrédit jeté sur l'initiative du ministre de la Solidarité en réunissant les familles des victimes des derniers attentats d'Alger afin de leur faire cracher leur colère contre Al Jazeera, le gouvernement semble tenu de réfréner ses ardeurs de peur de voir la pierre qu'il veut jeter sur Al Jazeera se retourner contre lui. L'organe exécutif de l'Etat se contente donc de se reposer sur les réactions de certains représentants de la société civile et tourner une page qui a fini par trop occuper l'espace médiatique. On n'en est pas à la première dérobade du gouvernement. Il y a quelques semaines déjà, un ministre de la République, celui des Moudjahidine en l'occurrence, s'était vu carrément dénigré par un ministre français et de surcroît sur le sol algérien. Ce n'est pas le gouvernement qui a pris la peine de défendre son ministre, mais encore une fois la société civile qui a réagi.