Le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a procédé hier, à bord du navire qui venait d'accoster la veille le port pétrolier de Bethioua, à l'inauguration du premier chargement d'un produit algérien du super tanker le Mesdar (nom d'un champ pétrolier de la région de Hassi Messaoud) qui a été mis à l'eau début août 2007. Ce VLCC (very large crude carrier), considéré comme le premier super tanker du groupe Sonatrach, a été construit en Chine, plus précisément dans la ville de Nantong, au chantier naval sino-japonais Nacks, une joint venture entre une firme chinoise, Ocean Shipping Compagnie, et un groupe japonais, Kawazaki Heavy Industries. Il a été mis à l'eau début août 2007 avant son baptême le 19 octobre 2007. Ce pétrolier flambant neuf a été acquis par New Ocean Shipping Venture Ltd (NOSVL). L'armateur est donc une autre joint venture à parts égales entre Kawazaki ShipBuilding Corporation (KSC) et Sonatrach Petroleum Corporation (SPC), une filiale de Sonatrach domiciliée à Londres. Selon des cadres de la société algérienne, le montage financier a été de 10% pour chacune des parties de la joint venture et 80% assurés par une banque japonaise. Le navire est inscrit sous pavillon Monrovia au Liberia et loué pour être exploité par Sonatrach pendant 20 ans. Chakib Khelil, qui est intervenu lors d'un point de presse improvisé sur le pont de ce super tanker, a d'abord rappelé que cette acquisition (indirecte ?) entre dans le cadre des objectifs tracés par le gouvernement et Sonatrach visant à assurer par nos propres moyens et à hauteur de 50% le transport de la production nationale en pétrole à l'horizon 2015. Il évoquera dans la même optique les projets futurs visant à se doter de bitumiers et d'autres navires pour le transport des produits pétrochimiques. A ce titre, il rappellera également les méthaniers acquis par Hyproc (filiale de Sonatrach) dont l'un des plus importants, le Lalla Fatma n'Soumeur. Le ministre s'est félicité de la célérité de réalisation puisque le Mesdar (21 m de tirant d'eau et une capacité de transport de 2 millions de barils de pétrole, soit l'équivalent de près de 350 000 t) a été livré en seulement 10 mois, avec 2 mois d'avance sur le délai prévu. Il aura coûté près de 120 millions de dollars. L'affrètement pour des compagnies pétrolières est évalué à 140 000 dollars par jour. Selon le ministre, les frais s'élèvent à plus de 40 000 dollars par jour, ce qui représente un bénéfice supplémentaire pour la compagnie de près de 10 000 dollars quotidiennement. La cargaison inaugurée est pour le compte de la compagnie norvégienne Statoil et devra être livrée aux Etats-Unis. Questionné au sujet de la durée de la traversée, le capitaine du tanker l'a évaluée à 14 jours, sauf imprévus météorologiques. A noter cependant que c'est la deuxième cargaison que le Mesdar a eu à transporter puisque, en venant de la mer de Chine, il a fait escale dans des pays du Golfe (à Oman et à Dubai) pour charger pour le compte de Shell, traverser le canal de Suez (en déchargeant et en rechargeant pour le passage) et livrer à Rotterdam avant d'accoster le port Arzew. « Les capacités de transport et les caractéristiques techniques de telles acquisitions permettent de réduire les frais de transport du baril de pétrole et optimiser les gains mais aussi et surtout être compétitif vis-à-vis des compagnies asiatiques, notamment coréennes et chinoises qui ont investi le secteur », explique le ministre qui a mis l'accent sur le fait que le Mesdar est également le premier pétrolier de SPC qui possédait jusque-là des GPLiers.