Un concours du meilleur balayeur du mois, des bacs individuels dans chaque maison, des douches pour les éboueurs : depuis 2001, Annaba teste un programme pilote de gestion des déchets avec la coopération technique allemande en Algérie (GTZ). « Malgré le nombre de rotations - jusqu'à trois par jour - la saleté était un problème régulièrement soulevé par les Annabis », remarque Ahmed Fekairi, responsable du programme. « Après avoir réalisé un diagnostic, nous avons mis en place un certain nombre de mesures qui montrent que l'on peut gagner du temps et de l'argent en faisant participer la population », conclut-il. Un balayeur affecté à un îlot. « Nous avons attribué des zones aux balayeurs. Au lieu de disperser, chacun est désormais responsable de ses 1,5 km et dispose de deux jours de congé par semaine. Et chaque mois, nous organisons un concours qui récompense le meilleur balayeur, reçu par le maire et dont la photo paraît le lendemain dans la presse locale. Une façon de valoriser leur travail. » Des camions automatisés. La ville a aussi été sectorisée en neuf zones pour les éboueurs. L'équipe possède un local avec vestiaire et douche. Leurs camions ont été automatisés pour vider les bacs sans que les éboueurs aient trop de poids à soulever. « Au lieu des 20 minutes que prenait le ramassage à la main, la manœuvre ne nécessite plus qu'une seule minute. Et ils ne sont plus quatre agents mais seulement deux. » Le nombre de tournées a été réduit de trois à une par jour, jusqu'à deux par semaines dans un quartier. Quant au coût de la tonne de déchets, sans traitement, de 3 252 DA en 2006, il est passé à 2 600 DA en 2007. Des bacs jusque dans les quartiers difficiles. Pour lutter contre les décharges sauvages à chaque coin de rue, des bacs en plastique on été distribués. Dans les zones pavillonnaires, les résidents ont reçu un bac de 240 litres avec un mode d'emploi présentant les déchets à ne pas jeter, les jours et les heures auxquels sortir le bac… Au pied des immeubles, jusque dans les quartiers difficiles, comme les Lauriers roses ou Didouche Mourad, des bacs collectifs de 360 litres ont été installés. « On pensait qu'ils seraient saccagés au bout de quelques jours, mais huit mois après, ils sont toujours là et ce sont les habitants qui les nettoient ! » Lycéens et imams mis à contribution. Comment rendre son environnement plus propre sans faire appel aux services de l'Etat ? Pour sensibiliser les jeunes, un concours d'idées a été organisé pour les 6-14 ans avec les associations. Les collégiens et lycéens ont aussi été sollicités : une jeune fille a remporté le prix du plus beau dessin, édité sur les façades des camions bennes. « Même les imams en ont parlé dans leurs prêches, ajoute Ahmed Fekairi, en expliquant que le respect de l'environnement n'est pas une valeur de l'Occident, mais s'inscrit dans le Coran. »