Ils sont venus, ils sont (presque) tous là. Les chefs d'Etat africains sont à Alger, réunis pour un sommet au bout nord de l'Afrique pour parler des problèmes du continent, tout en causant en parallèle de gros problèmes de circulation dans la capitale algérienne. Mais la question n'est pas là, pas plus qu'elle n'est dans l'utilité d'un sommet qui réunit de mauvais gouvernants pour conclure que l'Afrique est mal gouvernée. La question est identitaire ; l'Algérie se sent-elle africaine ? Pas vraiment. A cette question, les occupants de l'ancienne Numidie répondent souvent par un non, nous sommes Arabes. Voire Berbères, dans l'ordre. Ou encore Algériens, voire Méditerranéens, dans le désordre. En dehors d'un cercle d'intellectuels et de gouvernants intéressés par les rapprochements panafricains, très peu d'Algériens se sentent appartenir à ce continent, exotique pour certains, hostile pour d'autres, et pauvre pour tout le monde. Si les Algériens se sentent plus proches de l'Espagne, du Qatar ou de l'Afghanistan que du Sénégal, de la Zambie ou du Lesotho, voire même de la Mauritanie, pourtant musulmane, berbère et qui parle arabe, c'est dans la même logique que pour parler des Africains noirs, ils utilisent le terme africain, comme si eux-mêmes n'en étaient pas. Mais les Algériens ne sont pas seuls sur la planète ; si les Noirs africains eux-mêmes ne considèrent pas vraiment les Maghrébins comme des Africains, mais plutôt comme des Blancs échoués sur la terre de Lucy, le monde entier préférera toujours s'identifier à des ensembles civilisationnels plus prospères. De même que les Noirs africains, les Blancs africains du Maghreb rêvent tous d'aller encore plus au Nord, là où tout est réellement blanc. Là, tous les Africains se ressemblent, quelles que soient leur couleur, religion ou langue. Et là, le Nepad a vraiment beaucoup de travail.