Etes-vous satisfaite des résultats des travaux de ce double sommet d'Alger du NEPAD ? Il y a des motifs de l'être. Je vous confirme que le programme que nous avons proposé et le budget qui va avec ont été acceptés par les pays membres du Mécanisme africain d'évaluation par les pairs (MAEP). Maintenant, ce que nous demandons aux pays, en notre qualité de panel d'experts indépendants, est d'accélérer le processus. Les membres du MAEP doivent s'atteler à mettre en place les mécanismes devant permettre leur évaluation et améliorer leur gouvernance. En ce sens, la première tâche consistera, pour eux, à désigner leur représentant et mettre en place les commissions nationales représentatives, capables de mener un dialogue élargi et susciter la participation de leur peuple. Les pays sont invités aussi à signer le second protocole d'accord technique du MAEP qui les oblige à se laisser évaluer. Car, pour nous, il ne suffit pas d'être membre du MAEP. Qu'en est-il de l'évaluation du groupe des « 4 » (Kenya, Maurice, Rwanda et Ghana) ? Ces pays sont toujours en phase d'évaluation. Des retards ont été enregistrés dans la réalisation de l'opération. Ces retards étaient prévisibles. C'est la première expérience en la matière. Les contretemps sont dus essentiellement au fait qu'ils ne savaient pas trop comment procéder. La mise en place des commissions a aussi buté sur certains obstacles, mais les choses vont mieux maintenant. Sachez toutefois que, la plupart du temps les retards s'expliquent surtout par le manque de compétences capables de mener le travail que l'on demande. C'est le cas, par exemple, du Rwanda qui vient juste de sortir d'un génocide. Pour le Ghana, le travail est pour ainsi dire terminé. Mais, globalement, les quatre pays sont sur la bonne voie. Et d'ores et déjà, je vous annonce que nous aurons deux évaluations d'ici le mois d'avril prochain : celles du Ghana et du Rwanda. Pour les deux autres pays (Maurice et Kenya), le travail se fait également de manière satisfaisante. Le rythme devrait s'accélérer pour une raison simple : les chefs d'Etat viennent de destiner plus d'argent (4 à 5 millions de dollars) au MAEP. Que l'Afrique du Sud, l'Algérie, le Nigeria et l'Egypte soient remerciés pour leur geste précieux. Une question directe Mme Savane : estimez-vous que vos moyens (humains et matériels) sont suffisants pour remplir une mission aussi importante que celle qui vous est confiée ? Tout est prêt. Globalement, nous avons les moyens nécessaires pour accomplir le travail qui est attendu de nous. Néanmoins, je ne le répèterai jamais assez, l'argent reste le nerf de la guerre. A ce titre, je préviens que nous aurons, à l'avenir, besoin de plus de moyens, pour aller au fond des choses lors de nos missions. Au-delà, je tiens à réaffirmer que notre travail ne consiste pas à noter et à dire que tel pays est un bon ou un mauvais élève, comme cela se fait ailleurs. Il s'agit de mettre en évidence les problèmes et les difficultés, ainsi que les choses qui se font bien et dire comment améliorer la situation. Notre tâche consiste aussi à assurer les échanges d'expériences positives. Notre objectif n'est pas de punir, mais d'aider les pays à avancer. Cela dit, quand cela sera nécessaire, nous les pousserons à changer. C'est dans cette optique que doit être appréhendé le caractère original de notre mécanisme. L'autre aspect est que les pays se prêtent aussi volontairement à ces évaluations. Justement, toujours dans ce contexte, avez-vous un message particulier à transmettre aux chefs d'Etat africains ? Oui, un message important. Nous attendons d'eux qu'ils continuent à nous soutenir, comme ils le font actuellement. Il leur est demandé aussi d'avoir le courage politique pour poursuivre cette œuvre qui va changer la face de l'Afrique dans le monde.