C'est un secteur difficile qui reflète l'état général de l'économie et de la société algérienne, mais en faveur duquel les pouvoirs publics sont décidés à beaucoup faire et que le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme a défendu avec fougue à la tribune du Club excellence management dont il était l'invité mercredi dernier. C'est un secteur qui se gère sous contrainte permanente tant le déficit en logements est grand (1 100 000 logements), le financement gigantesque essentiellement à la charge de l'Etat et les moyens de réalisation insuffisants. En dépit des gros efforts consentis, l'écart entre l'offre et la demande ne s'est pas réduit de manière significative, car en Algérie, il faut non seulement construire des logements neufs pour faire face à une demande en constante progression sous l'effet de la pression démographique mais également affecter d'importants moyens pour entretenir un parc dont 60% des logements ont plus de 40 ans d'âge et que les calamités naturelles ont de surcroît dégradés. Pour Nadir Hamimid, l'espoir d'une solution satisfaisante à la crise réside dans la politique volontariste affichée par l'Etat qui consacre chaque année plus de 110 milliards de dinars à la construction de logements sociaux confortée par un programme d'un million de logements impulsé par le président de la République et dont la première tranche quinquennale sera très prochainement lancée. L'Etat n'ayant désormais à charge que les ménages à faibles revenus, les logements promotionnels destinés à la vente au profit des ménages qui disposent de moyens financiers requis devraient contribuer de manière plus significative à la production nationale d'habitats grâce aux mesures incitatives dont bénéficient les promoteurs et à une implication plus accrue des banques dans le financement. Mais si, comme l'a bien fait constater Nadir Hamimid, l'Etat n' a pas lisiné sur les moyens pour accroître l'offre de logements, les maîtres d'ouvrages butent sur un écueil, et non des moindres, celui de l'insuffisance de moyens nationaux de réalisation constitués à plus de 90% d'entreprises artisanales qui ne peuvent prendre en charge que les tout petits programmes. L'opérateur public est de ce fait contraint de se rabattre sur les entreprises étrangères qui réalisent l'essentiel des logements destinés à la location-vente et dont la présence est appelée à se renforcer dans les prochaines années pour pallier le manque d'entreprises algériennes capables de réaliser de grandes cités d'habitat à des prix compétitifs. L'Algérie a tout intérêt à restructurer son outil de réalisation pour qu'il puisse tirer son épingle du jeu face à la concurrence étrangère que plus rien n'empêche d'activer sur notre territoire. Un gros effort reste à faire pour mettre à niveau nos entreprises, pour remédier à leurs nombreuses défaillances sur les plans technologique, de la qualité et du rendement de la main-d'œuvre, de l'encadrement, de la gestion des projets et de bien d'autres exigences de l'entreprise moderne du bâtiment. Rien de significatif n'est malheureusement entrepris dans ce sens. Répondant aux nombreuses questions des opérateurs du secteur venus pour avoir des éclaircissements sur les questions sensibles des coûts de la construction, de la concurrence et de la formation aux métiers du bâtiment, M. Hamimid a affirmé avec force que les prix contractuels administrés sont proscrits dans son secteur et qu'on ne tient désormais compte que des prix concurrentiels. Il a affirmé que le nouveau code des marchés publics favorise les entreprises algériennes qui sont retenues même si leurs soumissions sont de 15% plus chères que celles des entreprises étrangères. Il précise que l'appel à concurrence est impératif et imposable à toutes les entreprises quelle que soit leur origine, car c'est un gage de bonne gestion des deniers publics. C'est aux entreprises de s'organiser pour mieux riposter à la concurrence étrangère qui offre de meilleurs prix parce que les entreprises sont mieux organisées, rationnellement équipées et plus performantes aux plans de la main-d'œuvre et des moyens de production. Le secteur de la formation professionnelle doit s'impliquer beaucoup plus pour former davantage de jeunes aux métiers du bâtiment (maçons, carreleurs, conducteurs d'engins, plombiers, électriciens, etc.) car le déficit est énorme tant aux plans quantitatif que qualitatif. Les entreprises doivent également se préoccuper davantage de la question ne serait-ce qu'en encadrant du mieux possible leur main-d'œuvre. La question centrale de l'urbanisme a également été abordée par le ministre en charge du secteur qui semble fonder ses espoirs sur la nouvelle législation qui permet de mieux lutter contre les constructions illicites tout en insistant sur la nécessité d'une politique d'aménagement du territoire suffisamment volontariste pour fixer les populations rurales qui déferlent sur les villes. L'aide de l'Etat à la construction de logements ruraux tout près des exploitations agricoles des bénéficiaires, la réalisation de villes nouvelles comme Sidi Abdellah constituent aux yeux du ministre le meilleur rempart contre les constructions illicites du fait qu'elles contribuent à réduire la pression que l'exode rural exerce sur les villes saturées.