La galerie Arts et Liberté de Kouba (Alger) abrite depuis jeudi dernier, une exposition d'aquarelles de l'artiste peintre Kheir Eddine Hassaine intitulée « Interpellation 20 nuits ». L'exposition, qui s'étend jusqu'au 27 de ce mois, compte 26 compositions. Elles mettent en relief la vie en prison. « Ces dessins ont pour source ma propre expérience du monde carcéral. J'ai passé en effet vingt jours en prison. C'était en 2005, cette injustice m'a marqué, il s'agit pour moi d'exorciser cette espèce de chancre qui me ronge suite à ma détention », explique l'artiste-peintre, rencontré à la galerie Arts et Liberté. Kheir Eddine Hassaine dépeint ce monde d'une manière sobre et austère. II n'a pas, ainsi, usé de beaucoup de couleurs, ni de symboles ou de l'abstrait. II s'agit d'un travail de mémoire ressuscitée d'une manière brute et expressive ; l'ensemble graphique harmonieusement composé, traduit une réalité triste. Les couleurs dominantes sont le noir et le blanc. Les détenus, au dortoir, dans la cour ou dans le couloir, à l'heure de la soupe ou jouant aux dominos, n'ont pas de visage. Ce sont des perclus, des exclus, des anonymes que l'espace modèle selon ses contraintes. « Une partie de ces dessins m'a été inspirée lors de mon séjour en Australie. Je me suis retrouvé au milieu de paysages qui aiguisent la curiosité du regard de par leur beauté. Je passe d'un monde à un autre tout aussi différent. En regardant ces paysages, mon passé de détenu a émergé. » II y a des circonstances où l'homme emporte avec lui, dans son subconscient, une partie de son espace surtout quand ce dernier l'agresse. C'est le cas de Kheir Eddine Hassaine. Ce dernier l'a exorcisé à sa manière. II s'en sépare comme des impédimenta à travers ses compositions mettant avec simplicité en lumière les affres de la bête humaine.