« Mon devoir élémentaire est de ne pas m'accrocher à mes fonctions », a déclaré dans son message le leader cubain. Dix présidents à la Maison- Blanche — et 13 administrations américaines — n'ont pu venir à bout de lui, malgré un embargo économique draconien, une tentative ratée de débarquement d'anticastristes à la Baie des cochons en 1961 et maints complots pour assassiner ce grand barbu vêtu d'un éternel kaki et féru de cigares. Le « lider maximo » a renoncé hier à la présidence de Cuba pour raison de santé, mettant un terme, à l'âge de 82 ans, à près d'un demi-siècle de pouvoir. « Je n'aspirerai ni n'accepterai — je répète — je n'aspirerai ni n'accepterai la charge de président du Conseil d'Etat et de commandant en chef », écrit le président cubain dans un « message à ses compatriotes », publié dans l'édition électronique de Granma, organe officiel du régime. « Mon devoir élémentaire est de ne pas m'accrocher à mes fonctions, ni encore moins de faire obstacle à des personnes plus jeunes, mais d'apporter mes expériences et mes idées dont la modeste valeur vient de l'époque exceptionnelle qu'il m'a été donné de vivre », a également dit le président cubain, figure emblématique de la guerre froide et instigateur des guérillas du Tiers-Monde. L'annonce de celui qui était le numéro 1 cubain depuis 1959, précède la convocation dimanche prochain du Parlement élu le 20 janvier, pour désigner les plus hautes instances exécutives du régime, dont le chef de l'Etat. Fidel Castro admet n'avoir pu surmonter les séquelles d'une grave hémorragie intestinale qui l'a conduit à céder en juillet 2006 les rênes à son frère Raul, donné favori pour une succession à laquelle peut aussi prétendre le vice-président Carlos Lage, un médecin de 56 ans, incarnant la nouvelle génération. « Ma première obligation, après tant d'années de lutte, était de préparer (le peuple) à mon absence, psychologiquement et politiquement. Jamais je n'ai cessé de signaler qu'il s'agissait d'un rétablissement qui n'était ‘'pas exempt de risques'' », souligne Fidel Castro dans le message, signé de sa main et daté du 18 février à 17h30 (22h30 GMT). « Heureusement, notre processus compte encore avec des cadres de la vieille garde, unis à d'autres qui étaient plus jeunes quand a commencé la première étape de la Révolution », poursuit Fidel Castro, qui n'est pas réapparu en public depuis le 26 juillet 2006, date de sa première intervention chirurgicale. « Le chemin sera difficile et requerra l'effort intelligent de tous », dit encore Fidel Castro dans son message, avant de conclure : « Je ne vous fais pas mes adieux. Je souhaite combattre comme un soldat des idées. Je continuerai à écrire sous le titre ‘'Réflexions du camarade Fidel''. Ce sera une arme de l'arsenal avec lequel il faudra compter. Peut-être ma voix sera-t-elle entendue. Je serai prudent. Merci ». Adlène Meddi, Agences