Le coordinateur du Front Polisario avec la Minurso a répondu hier aux tentatives de certaines parties d'assimiler les Sahraouis à des terroristes. Rabouni (Tindouf). De notre envoyé spécial M'hamed Kheddad, interrogé hier à ce propos, ne s'est nullement étonné par de telles « étiquettes », rappelant que le Maroc « a toujours surfé pour assimiler les Sahraouis tantôt au communisme au temps de la guerre froide, tantôt à l'islamisme au temps de la révolution islamique en Iran et maintenant au terrorisme ». Pour lui, « le Maroc est incapable d'apporter la moindre preuve et quand il y a lieu de reprendre les armes, nous les reprendrons dans le cadre de la légalité internationale ». « Nous n'avons jamais utilisé le terrorisme dans le cadre de la légitime défense après avoir attendu pendant plusieurs années la solution pacifique, et jouer le jeu pour l'application des résolutions du Conseil de sécurité ». M'hamed Kheddad souligne que le Front Polisario « est reconnu en tant que mouvement de libération national et que son action, qui est de légitime défense, a été inscrite au Sahara occidental ». Ce négociateur de la partie sahraouie s'est par ailleurs montré pessimiste quant à une issue palpable des prochains pourparlers à Manhasset (New York) pour une solution politique du Sahara occidental. Après trois rounds « rien n'indique que le Maroc va se départir de sa position figée consistant à dire pas de consultation populaire, pas de référendum, j'occupe et je suis seul à décider et il revient au Nations unies de bénir cette occupation du Sahara occidental », estimera-t-il. Il n'omet pas d'exhorter dans ce cadre les Nations unies à assumer ses responsabilités et de faire pression sur la partie qui refuse de se soumettre à la légalité internationale et de négocier sur la base des résolutions 1754 et 1783. « Il est temps que le Conseil de sécurité décide pour le bien de la paix et de la stabilité en symbiose totale avec la charte et les résolutions des Nation unies de fixer une date pour le référendum », selon lui. Car, à ses yeux, « il est clair que le Maroc ne veut pas négocier, il veut une reddition ». Il estimera que la réaction des Nations unies doit être celle d'achever ce qui n'a pas été achevé au plan du règlement, accepté entre les deux parties en 1991, et d'organiser le référendum d'autodétermination dans les meilleurs délais. « Il faut revenir au plan de paix originel dans lequel la commission d'identification avait terminé la première phase avec une liste provisoire de votants et de passer à la 2e phase qui doit être le retour des réfugiés, la campagne électorale et l'organisation d'un référendum », a-t-il précisé. En tout cas, pour M. Kheddad, « le Front Polisario ne va pas négocier pour négocier », lors du 4e round de négociations, prévu pour la deuxième quinzaine du mois de mars. La menace de reprendre les armes dans le cas où les choses n'avancent pas devient de plus en plus plausible. Pour M. Kheddad, « le recours à cette option n'est pas à écarter si le Conseil de sécurité refuse encore d'assumer ses responsabilités » en ce qui concerne la décolonisation du Sahara occidental. M'hamed Kheddad, interrogé sur ce plan, soulignera que « le risque de reprendre les armes est là, tant qu'il y a violation du droit international ou qu'il y a négation du droit du peuple sahraoui à décider de son destin ». Un plan de règlement pour une solution pacifique à travers les urnes a été proposé par les Nations unies en 1991 et accepté par les deux parties. Une liste complète des votants a été même publiée en 1999. Mais, selon M. Kheddad, depuis cette date on a assisté à un fléchissement des Nations unies par rapport à sa position originelle de 1991 pour la recherche d'un certain compromis hors du plan de règlement. Et d'avertir : « Quels que soit les avatars, les changements qui pourraient être faits sur ce plan, la solution demeure sur la consultation de la population du Sahara occidental ». « Le Maroc et ses protecteurs savent pertinemment que toute consultation libre déboucherait sur l'indépendance ». D'après M. Kheddad, « la faiblesse de l'argument marocain et ses protecteurs c'est qu'ils ne peuvent pas aller aux urnes, ce qui est inacceptable et c'est scandaleux ». Par conséquent, il avertit que « toute autre approche n'est que perte de temps et de moyens ajoutée aux souffrances des peuples sahraoui et marocain et des pertes subies dans le Maghreb dans son ensemble ». M. Kheddad cite enfin nommément la France étant comme la principale responsable dans l'empêchement de l'application des résolutions des Nations unies. « C'est la France qui bloque la solution démocratique du conflit du Sahara occidental », selon lui.