Mettre au défi les hommes de comprendre ce qu'endure la femme algérienne, la femme en général, en ce jour, célébrant pour la cinquième année consécutive la lutte pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, était dans l'esprit de ces femmes présentes, tout à fait par hasard pour ce jeudi, en l'espace de la librairie Mauguin à Blida pour parler du dernier livre de Maïssa Bey, Sous le jasmin la nuit, coédité par les éditions de l'Aube et Barzakh dans la collection Mère Méditerranée Regards croisés. Florale littérature Tout est symbole : les noms des éditeurs, le titre de la collection, la journée de la tenue de la causerie et le lieu, Blida, qui eut ses années rouges et dont seul le nom faisait frémir les plus audacieux, et le titre du recueil de nouvelles comprend le nom d'une fleur toute symbolique à la ville de Blida et puis des enfants, des collégiens qui se montraient assidus, disciplinés, rigides, posant chacun à son tour la question préparée et n'attendant même pas la réponse. Maïssa Bey se montrait attentive, à l'écoute et répondait, expliquait, semblant savourer dans cet espace tellien la reconnaissance et recevant l'assurance qu'elle est et sera lue : « C'est la première fois que je vois des enfants algériens de votre âge et en Algérie s'intéresser à mon œuvre. Je suis très touchée ! » Quelle plus grande marque de déférence pouvait recevoir l'auteure des nouvelles aussi touchantes les unes que les autres et où l'homme ne se voit pas sous son meilleur jour : autoritaire, violent, sexiste, son image lui est renvoyée sous la lumière d'une femme qui déclarera après la lecture d'un passage de la nouvelle :« Non pourquoi, parce que » par son amie et première lectrice Marie-Noël, que « des changements ont vu le jour dans la condition féminine en Algérie mais dans la régression, dans le regard qu'on pose sur la femme ». Machiste société Constat d'échec dans le rapport à l'homme, à la société algérienne, au(x) traitement (s) réservé(s) aux femmes par une société qu'elle considère comme masochiste. Son séjour à Blida lui a fait plaisir et elle s'est laissé aller à la confidence, aux révélations en face de cette chaleur outre que climatique, humaine et ce fut le flot d'anecdotes, d'histoires et de précisions sur son statut non pas de militante mais de citoyenne dans une Algérie - toujours - en devenir. Les actions concrètes lui font honneur, à elle et à son groupe, à Sidi Bel Abbès où leur abnégation verra bientôt l'ouverture d'une bibliothèque grâce à des fonds parvenant de l'étranger. Exemple à méditer à défaut de le suivre.