Sortir le Soudan de la crise du Darfour. Tel est le but des consultations sur le Darfour qui ont commencé à Genève sous l'égide des envoyés spéciaux de l'ONU, Jan Eliasson, et de l'Union africaine, Salim Ahmed Salim. La réunion, qui regroupe représentants de l'Union africaine et officiels onusiens, vise à faire avancer le processus de paix dans la région. Reste un grand obstacle à franchir, celui du boycott de la rencontre par les Soudanais : ni le Soudan, ni les groupes rebelles ne sont représentés dans ces entretiens à Genève. L'UA et l'ONU ont renoncé à inviter le gouvernement de Khartoum, faute de pouvoir s'assurer de la présence à Genève des groupes rebelles. « Les consultations ont lieu à huis clos avec les partenaires régionaux », ont précisé les services de l'ONU à Genève. Le Tchad, l'Egypte, l'Erythrée et la Libye y ont pris part. Les discussions seront élargies à d'autres pays, dont les représentants des cinq pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU et de l'Union européenne. Le but de ces discussions est « de parvenir à un accord avec les partenaires régionaux et les observateurs internationaux sur la suite du processus politique ». L'évolution de la sécurité sur le terrain et les retards dans les préparatifs pour des négociations de fond entre les parties inquiètent l'ONU. L'UA et l'ONU cherchent toujours à favoriser une reprise des pourparlers de paix de Syrte (Libye), qui n'ont pas eu de suite en raison du refus des principaux groupes, comme le Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM) de Khalil Ibrahim, d'y participer. Les mouvements rebelles sont divisés. Un dirigeant du Mouvement de libération du Soudan SLM-Unité, faction rebelle du Darfour, a déclaré dimanche à Tripoli que son groupe était prêt à participer aux négociations de Syrte. Le représentant de l'Union africaine, Abdallah Yahia, a précisé toutefois que son mouvement exigeait au préalable de « limiter les négociations aux mouvements militaires sur le terrain » et de « n'impliquer aucune autre partie ». Il a posé également comme conditions : l'arrêt des bombardements aériens des troupes de Khartoum au Darfour et la nomination d'un « médiateur spécial international ». « Nous n'accepterons aucune tribune de négociations autre que celle de Syrte », a-t-il ajouté. Par contre, le Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM) de Khalil Ibrahim a appelé à des négociations de paix, mais en tête-à-tête avec le gouvernement de Khartoum, avec la médiation de l'ancien secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan. A Genève toujours, la question du Darfour est âprement discutée au sein du Conseil des droits de l'homme qui tient sa septième session. Gouvernement et rebelles ont failli à leurs responsabilités de protéger les civils et continuent de violer les droits de l'homme au Darfour, a affirmé l'expert de l'ONU sur le Soudan, Sima Samar. La rapporteuse spéciale a reçu des informations concernant des meurtres, des violences sexuelles, des arrestations et des détentions arbitraires. Elle a également fait état devant le Conseil des droits de l'homme d'attaques menées par l'armée soudanaise et les milices, soutenues par l'aviation et les hélicoptères du gouvernement dans les villages de Sirba, Silea et Abu Suruj dans l'ouest du Darfour. Ces « attaques aveugles », le mois dernier, ont causé de graves destructions et plus de 100 personnes ont été tuées, de nombreuses autres s'étant déplacées dans les villes et villages avoisinants. Environ 12 000 personnes déplacées ont traversé la frontière tchadienne, a ajouté Mme Samar. La rapporteuse spéciale a demandé à Khartoum d'enquêter sur tous les cas signalés de violation des droits de l'homme, à rendre publics les rapports des commissions d'enquête, à traduire en justice les responsables, à dédommager les victimes. Elle exhorte les autorités à coopérer pleinement avec la Cour pénale internationale.