L'explosion des mines antipersonnel en Algérie est devenue depuis la Seconde Guerre mondiale une véritable tragédie. A l'est comme à l'ouest et même au centre du pays, ces engins explosifs continuent de semer la mort parmi des civils innocents. Ce sont souvent des enfants et des bergers qui se font prendre par la détonation fatale. Si elles ne sont pas arrachées complètement à la vie, les victimes sont mutilées à vie. En dépit des campagnes de déminage effectuées depuis 1963, l'Algérie n'arrive toujours pas à bout de ce phénomène. Plusieurs régions du territoire national demeurent toujours gangrenées par les mines antipersonnel. Ces campagnes de déminage ont permis, selon le chef de l'Etat, qui a prononcé un discours à l'occasion de la destruction du premier lot de stock de mines et ce, conformément aux dispositions de la Convention d'Ottawa, ratifiée par l'Algérie en décembre 2000, d'éliminer près de huit millions de mines antipersonnel et de nettoyer plus de 50 000 ha de terres. Outre les onze millions de mines qui furent placées par l'armée coloniale, dont trois millions sont toujours enfouies dans les bandes frontalières de l'est et de l'ouest du pays, les groupes armés ont également eu recours à l'utilisation de ces engins explosifs durant la décennie du terrorisme. Selon une source sécuritaire, ce sont les zones situées dans le nord du pays qui ont été particulièrement ciblées par les troupes du GIA et du GSPC. Pour des considérations tactiques, les groupes armés ont, dans la plupart des cas, planté leurs mines sur les chemins menant aux zones d'habitation et aux champs de pâturage. Ainsi, les marchés, les routes, les abords d'écoles, les zones pastorales et même les cimetières ont été piégés par les tueurs du GIA et du GSPC. Ces derniers ont également miné les accès menant à leurs bases arrière aménagées au cœur même des maquis. « Dans certaines régions, les risques sont permanents et le danger invisible », dira notre source en citant entre autres les maquis de Jijel, de Z'barbar, de Sid Ali Bounab et la région de l'Ouarsenis. Les engins explosifs disséminés par les groupes terroristes sont-ils des mines antipersonnel et quelle est leur quantité ? Notre source, qui parle d'une « quantité importante », a précisé par ailleurs, que les engins explosifs employés par ces groupes sont de fabrication artisanale et répondent parfaitement à la définition formulée par les dispositions de la Convention d'Ottawa, à savoir des engins conçus pour exploser du fait de la présence, de la proximité ou du contact d'une personne. « Contrairement à l'armée coloniale qui a eu recours à l'installation de barrages minés dénommés Ligne Challe et Ligne Morice, la tactique des groupes terroristes obéit beaucoup plus à une stratégie de terreur », a souligné notre interlocuteur en précisant que des unités spécialisées de l'ANP ont entamé la décontamination des zones nouvellement minées au même titre d'ailleurs que les champs de mines datant de l'époque coloniale. Outre les opérations de détection et de l'extraction des engins explosifs, des panneaux dissuasifs ont été placés sur les terrains suspects. « L'opération est à la fois difficile et coûteuse, mais l'Algérie est en mesure de venir à bout de ce phénomène », a conclu notre source.