Comment a germé l'idée de la création de l'équipe nationale du FLN ? L'instigateur principal de la création de l'équipe du FLN est Boumezrag Mohamed El Mokrani. En 1956, il m'a fait savoir son intention de mettre sur pied une équipe qui fera connaître le combat du peuple algérien. A partir de là, l'idée a commencé à cogiter. Le projet prenait forme doucement mais sûrement, et ce, malgré les difficultés rencontrées. Le jour J, le 12 avril 1958, les joueurs, par groupe, se rendent en Tunisie pour donner vie officiellement à cette équipe du FLN. Moi, j'étais contraint d'attendre l'année 1960 pour pouvoir rejoindre mes amis en terre tunisienne. Comme j'étais engagé dans l'armée française à l'époque, les autorités ont fini par m'arrêter au moment où je devais me rendre en Tunisie. J'ai passé presque deux mois de prison. La création de l'équipe du FLN était donc un acte politique pour donner un soutien à nos compatriotes qui combattaient l'armée française dans les maquis du pays. Quel a été l'impact politique de l'équipe du FLN ? Nous avons fait entendre la voix de l'Algérie qui luttait légitimement pour sa libération, dans plusieurs pays du monde. C'était un impact exceptionnel dans la mesure où les éclatantes victoires réalisées par notre équipe dans les pays arabes et dans d'autres de l'Asie, remontaient considérablement le moral des combattants. Tout comme ces derniers, nous avons eu notre part de mérite dans le combat pour l'indépendance de l'Algérie. Nous l'avons fait pour l'amour de Dieu, de la patrie. Nous avions une belle équipe composée de joueurs de haut niveau, dont certains, à l'image de Zitouni, Mekheloufi, avaient porté le maillot de la sélection française. Nos joueurs étaient d'un niveau d'autant plus supérieur qu'on nous a collés ce qualificatif de « Globe-trotters » ou « Diamants bruns ». Revenons à la période post-indépendance, quelle a été la contribution des membres de l'équipe du FLN dans le développement de notre football ? Nous avons contribué considérablement dans le développement de notre football d'où les excellents résultats enregistrés jusqu'à 1990. Cette année a vu la consécration de l'équipe d'Algérie en coupe d'Afrique des nations sous la conduite de Kermali, un joueur de l'équipe du FLN. Moi, par exemple, j'ai été pour quelque chose dans les résultats positifs réalisés par l'ES Mostaganem durant les années 1960. J'ai participé grandement à la qualification de l'équipe nationale au mondial espagnol (1982). Nous avons contribué donc à l'éducation et à la formation d'excellents joueurs. Qu'est-ce qui explique, selon vous, la décadence de notre football ? Le football algérien a perdu sa principale vertu, à savoir la formation. On a opté pour le professionnalisme sans pour autant que le pays soit prêt. Nous avons attiré l'attention des responsables sur l'inconsistance de cette politique qui, par la suite, a démontré ses limites. Cela dit, un climat pseudo-professionnel s'est installé, provoquant des échecs à tous les niveaux. Il fallait plutôt passer par une phase expérimentale avec quatre ou cinq clubs, comme cela se fait ailleurs. Puis passer à la vulgarisation du professionnalisme graduellement à travers tous nos clubs. On ne peut pas parler du professionnalisme alors que certains clubs n'ont pas de stade. Avez-vous une idée sur les moyens efficaces à même de sortir de cette mauvaise passe ? Il faut absolument revenir aux assises nationales sur le football. 7 ou 10 jours de débats profonds en présence de tous les acteurs de la discipline pour tenter de dégager des solutions concrètes. La mise en place d'un cahier des charges auquel doivent se conformer tous les acteurs est indispensable. La création de centres de préformation de proximité est nécessaire. C'est une opération très compliquée, mais les résultats sont garantis. Pour ce faire, une volonté politique est indispensable.