Le séisme de Boumerdès de mercredi dernier est une réplique du séisme du 21 mai 2003. L'information nous a été confirmée hier par M. Hamadache, chercheur et chargé de la communication au Centre de recherche en astronomie astrophysique et géophysique (Craag). Comment les chercheurs ont-ils pu arriver à cette conclusion ? Première piste : la secousse a été localisée dans la zone épicentrique. Depuis le 21 mai 2003, plusieurs études approfondies ont été publiées dans des revues internationales et débattues à l'occasion de la tenue de plusieurs colloques dont l'AG de l'Union européenne de géophysique, la Commission européenne de sismologie en Allemagne et lors du troisième colloque international de sismicité continentale à Pékin. Selon notre interlocuteur, « les gens ont tendance à accepter d'une manière fataliste une réplique, la considérant comme un demi-mal plutôt que de prendre en charge le risque. Or la réalité est là : il y a une activité sismique régulière dans cette région qui est considérée, par ailleurs, comme modérée ou faible, car elle ne dépasse guère 7 sur l'échelle de Richter ». Ce séisme a réveillé les craintes de la possibilité d'une grande secousse qui pourrait avoir des conséquences dramatiques sur Alger et ses environs, une région qui a été presque rayée de la carte en 1716. Selon le responsable du Craag, il faut nuancer les propos. « Il n'y a pas de lien scientifique ni d'éléments concrets qui puissent laisser croire qu'il s'agit de la même faille. » Le centre enregistre mensuellement entre 40 à 50 séismes qui ne sont pas nécessairement ressentis par la population. Il y a une batterie de textes législatifs concernant le risque sismique, mais rares sont les autorités qui pensent à les appliquer sur le terrain. Il faut savoir que la quasi-majorité des habitants de l'Algérie est concentrée au nord du pays et même les entreprises économiques sont implantées dans la même région. Le ministère de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire avait étudié la possibilité de les transférer, au moins en partie, vers les Hauts-Plateaux et le Sud, mais cette décision demande du temps pour être appliquée. Il y a aussi un travail de sensibilisation à faire pour changer les mentalités et faire prendre conscience aux gens qu'il s'agit d'un problème sérieux et que si l'organisation des villes restait à l'état actuel, un séisme risquerait de paralyser des zones entières. Après la réplique de mercredi dernier, le Craag a enregistré une trentaine d'autres allant de 0,9 à 2,8 sur l'échelle de Richter. La dernière a été signalée hier à 11h 49. M. Hamadache a confirmé qu'une mission a été effectuée en partenariat avec des équipes françaises au large de Zemmouri et qu'elle a permis de mieux comprendre le processus des failles. Le Craag a aussi initié des études de microsismicité. Concernant la carte sismique, le responsable du centre affirme qu'elle existe, mais elle ne représente que les épicentres. Il faut plutôt établir une autre carte qui s'appelle carte sismotectonique. Elle est plus complexe à mettre à jour. D'autres projets sont en cours, tels que l'exploitation des photos par satellite.