Le projet de loi modifiant et complétant la loi n°85-05 du 16 février 1985 relative à la protection et à la promotion de la santé a été débattu hier à l'APN. Les modifications introduites à ce texte relativement critiqué par les élus portent essentiellement sur les produits pharmaceutiques. Toutefois, les députés ont saisi cette opportunité pour citer tous les maux dont souffre le secteur de la santé, allant du manque de moyens matériels au problème du déficit en médecins dans certaines régions ainsi que le calvaire des malades dans les établissements hospitaliers. Le projet de loi explique, entre autres, que les produits pharmaceutiques et les dispositifs médicaux à usage de la médecine humaine ne peuvent être importés, fabriqués ou exportés que par des établissements pharmaceutiques publics ou privés agréés. Leur distribution s'effectue uniquement en gros par des établissements publics ou privés agréés et au détail par des officines de pharmacie. Le projet en question introduit également un article qui consacre la création et les missions de l'Agence nationale des produits pharmaceutiques à usage de la médecine humaine dont l'organisation et le fonctionnement sont fixés par voie réglementaire. Cette agence est une autorité administrative indépendante et est chargée de veiller à la sécurité, l'efficacité, la qualité et au contrôle des produits pharmaceutiques, de veiller à l'accessibilité à ces produits tout en assurant la régulation du marché et le respect des lois et règlements relatifs aux activités de la pharmacie. Le texte prévoit en outre de nouvelles dispositions pénales pour sanctionner les infractions en matière d'enregistrement, d'homologation, d'importation, de contrôle, de fabrication, de distribution et d'expérimentation des produits pharmaceutiques et des dispositifs médicaux. Le texte de loi prévoit par ailleurs une période transitoire durant laquelle les structures en charge actuellement des missions dévolues à l'agence nationale continueront d'exercer ces missions jusqu'à la mise en place de ladite agence afin d'éviter le vide juridique après la promulgation de la nouvelle loi. Lors des débats, les députés du Parti des travailleurs (PT) n'ont pas nié que des efforts ont été consentis par le ministère de la Santé pour l'amélioration des conditions d'accueil des malades. Cependant, ils ont exprimé leurs craintes quant à l'application de ce texte qui, de leur avis, remet en cause tous les efforts qui ont été réalisés ces dernières années. Selon M. Taazibt du PT, il y a menace de la disparition de la production nationale. « Il est inacceptable de transférer les prérogatives du ministère de la Santé vers une agence de régulation du médicament, car celle-ci a des prérogatives scientifiques de contrôle, de régulation et même des prérogatives politiques. Veut-on un ministère parallèle ? », s'est interrogé le député qui estime qu'il est du rôle du ministère de la Santé de faire le travail en question et non à l'agence qui sera soumise, selon un autre député, aux pressions des lobbies étrangers. concurrence des lobbies de l'importation De son côté, le RCD pense que l'on ne peut pas parler d'une industrie pharmaceutique en Algérie alors même que la production locale peine à satisfaire 30% des besoins du marché national. « Y a-t-il eu un effort public d'accompagnement de cette branche ? Sinon quelles sont les mesures qui jusqu'ici ont manqué pour assurer son expansion ? », s'est interrogée Mme Hadj Arab Lila. Celle-ci a indiqué que des unités de production sont au seuil de la faillite en l'absence de toute assistance des pouvoirs publics, sans omettre la concurrence féroce que leur livrent les lobbies de l'importation. L'absence d'une politique du médicament, fera remarquer l'intervenante, contraint l'Etat algérien à importer 250 produits dont certains sont fabriqués localement et à payer en devises une facture de 1,2 milliard d'euros, soit quatre fois plus que nos voisins tunisien et marocain. Lorsque la production nationale de ces mêmes voisins arrive à couvrir jusqu'à 1500 produits, l'Algérie ne dépasse pas 100 médicaments. Le RCD a été très critique à l'égard de la politique prônée par le gouvernement en matière de santé en citant des exemples palpables quant à la souffrance des malades algériens. Aujourd'hui, explique la députée, la majorité des cancéreux souffre de l'insuffisance des appareils et des produits nécessaires à la radiothérapie (antimitotiques), la plupart des malades cardiaques croulent sous le poids de lourdes factures de Dilatiend, un médicament payé à 2000 DA la boîte et non remboursé par la sécurité sociale. « Est-il nécessaire que l'aisance financière sans précédent de notre pays ne nous ait pas aidés à construire un tissu industriel pharmaceutique national digne de ce nom ? Est-il normal que 70% des besoins des citoyens en produits pharmaceutiques soient monopolisés par des agents importateurs dont le gain le plus élevé et le plus facile possible est le seul but », a déploré le RCD en ajoutant que c'est ça le chancre qui ronge le médicament dans notre pays.