Le dossier relatif à l'insertion des enseignants et travailleurs (vacataires, suppléants) du secteur de l'éducation vient de connaître ses premiers développements avec la présentation samedi dernier de pas moins de 49 personnes à l'autorité judiciaire, qui a décidé de placer le chef de service du personnel de la direction de l'éducation sous mandat de dépôt pour faux et usage de faux, falsification de documents officiels et destruction de documents administratifs. Un inspecteur du contrôle financier ainsi qu'un économe ont été, quant à eux, mis sous contrôle judiciaire, alors que les 46 autres prévenus ont été laissés en liberté provisoire. L'enquête étant toujours en cours, d'autres prévenus pourraient être inculpés dans les prochains jours par le juge chargé d'instruire ce dossier. Il convient de signaler que 42 enseignants qui n'ont pas bénéficié d'intégration ont introduit une plainte devant la chambre administrative qui devrait statuer sur ce dossier dans les prochains jours. Outre les enseignants intégrés qui croulent sous l'accusation d'usage de faux, il s'agit d'un inspecteur d'El Milia, d'un directeur d'école, de deux chefs de bureau de la direction de l'éducation, de deux fonctionnaires de la Fonction publique et deux économes. Ainsi, suite aux actions de protestation et aux sit-in menés par les enseignants protestataires, les services de la brigade de la gendarmerie qui ont, par ailleurs, reçu une lettre anonyme détaillée ont débuté leur enquête pour tirer au clair les accusations formulées par la quarantaine d'enseignants et autres qui s'estiment injustement écartés de l'intégration lors de la période d'insertion décrite par le décret exécutif 126-02 du 7 avril 2002 et la circulaire interministérielle 250 qui définissent les conditions et critères nécessaires à l'intégration. Des enseignants, qui ont bravé les hordes terroristes durant la décennie rouge en rejoignant les établissements scolaires dans les zones rurales, ont été remplacés par des personnes « étrangères jusque-là au secteur, qui n'ont exercé que quelques mois ou encore venaient juste de terminer leur cursus universitaire ». Alerté par un rapport détaillé, le procureur de la République près le tribunal de Jijel avait alors donné des instructions pour l'ouverture d'une enquête. Ainsi, l'enquête ouverte le 28 septembre dernier par la brigade de la gendarmerie de Jijel sous la direction du chef de la compagnie a mis au jour la présence de fausses attestations de travail dans les dossiers de personnes qui n'avaient aucun lien avec le secteur de l'éducation. Les services de la gendarmerie ont par ailleurs découvert que des documents officiels ont été falsifiés et des signatures et sceaux officiels imités et que des attestations de travail ne se trouvaient plus dans certains dossiers, alors qu'elles sont des pièces essentielles pour l'insertion. Pour l'exemple, même la signature du défunt ex-proviseur du lycée El Kendy de Jijel a été retrouvée sur des documents ! En tout, ce sont 25 dossiers qui ont été épluchés dans le cadre de cette enquête pour laquelle le directeur de l'éducation (qui n'était pas à l'époque en poste à Jijel) « a donné des instructions pour faciliter le travail des enquêteurs et la mise à disposition des documents des services concernés par cette affaire ». Reste à savoir quel sort sera réservé aux enseignants protestataires qui ont transmis moult missives aux différentes autorités du pays pour être rétablis dans leurs droits.