Fortement endommagé par le séisme de mai 2003, malgré des normes de construction considérées spéciales à l'époque, le complexe de l'Eriad de Corso est actuellement, 5 ans après la catastrophe, dans un état d'abandon. Réalisé entre la fin des années 1960 et le début des années 1970, ce complexe est composé de 5 batteries de 15 silos chacune. Chaque silo est fait d'une coque cylindrique de 68m de haut et encastrée à 22m de profondeur. Conçu pour être une zone de stockage stratégique pour la région centre du pays au moins, car ayant une capacité de stockage s'élevant à des milliers de tonnes, ce complexe renseigne aujourd'hui sur la négligence des pouvoirs publics qui depuis le 21 mai 2003 n'arrivent pas à décider de son sort. Plusieurs opérateurs économiques nationaux et étrangers ont manifesté leur intérêt pour le reprendre, mais l'Etat a préféré laisser la situation pourrir. Ce complexe est aujourd'hui l'une des taches noires de la gestion de l'après-séisme. Le professeur Chelghoum nous explique l'endommagement de cette structure pourtant conçue pour résister, d'une « très bonne conception et une bonne exécution », dira-t-il, par « un phénomène occulté dans leur dimensionnement parce qu'il n'était pas connu à l'époque : l'effet de site (le lien entre les conditions locales du sol et la topographie du terrain très défavorables par rapport à l'environnement régional), ces effets induits peuvent créer un phénomène de résonance plus redoutable pour les structures et qui aboutit toujours à l'effondrement des bâtiments et ouvrages d'art ». La secousse a provoqué l'éclatement de la batterie no 5. Au moment du séisme, les silos étaient pleins de blé. Les céréales appartenaient à un opérateur privé. Suite à une étude effectuée par le cabinet de génie parasismique, dynamique et sismologie (GPDS), sélectionné suite à une consultation à laquelle ont pris part des cabinets étrangers, un ordre a été signé pour récupérer les céréales après avoir constaté que cela pouvait se faire sans danger. Ce qui a été fait. Par la suite, le même cabinet a réalisé toute une étude de confortement et un plan d'exécution ainsi qu'une analyse de l'approche. Les études approuvées sont en possession du maître d'ouvrage depuis juillet 2004 avec toutes les phases d'exécution de l'opération de consolidation. Malheureusement, rien n'avance depuis et le groupe est totalement à l'arrêt. Il semble que l'argent nécessaire pour la réhabilitation de ces silos stratégiques n'a pas encore été débloqué. Ainsi, plus de 420 emplois se trouvent menacés à l'heure où l'Algérie ne peut pas s'assurer une réserve de céréales pouvant lui garantir de se nourrir durant un mois.