Agadir, la ville resplendissante aux mille et un hôtels majestueux, a fait l'événement, en organisant du 11 au 15 juin une importante manifestation cinématographique dans une petite salle, pleine à craquer, mise à la disposition des cinéphiles par les représentants de la Chambre de commerce de la ville. L'initiative est due au jeune et dynamique comédien Rachir Boukssim qui, en un temps record, a su réunir autour de lui une pépinière d'artistes pleins de vitalité ayant pour lien ombilical l'attachement à l'identité et à la culture amazighes. Contre vents et marées, avec un budget dérisoire et quasiment aucune logistique, l'association Issni N'ourgh a réussi son pari : mettre sur pied un festival du cinéma amazigh. Précédée par une nuit du film amazigh en 2007 et par une caravane cinématographique qui a sillonné tous les villages et hameaux, cette rencontre, la deuxième du genre, n'a pu voir le jour que grâce à la persévérance de la très jeune association qui a su relever tous les défis pour mener à bien sa mission dans la capitale de la région Souss-Massa-Drâa. Le jury, présidé par Driss Azdoud, éminent universitaire et consultant en art visuel et en communication au Maroc, n'a pas eu la tâche facile au vu du nombre et de la qualité des films issus d'horizons divers (Maroc, Algérie, France et Libye). Sur les dix-neuf films retenus pour la compétition, le jury, composé d'éminentes personnalités du monde du spectacle, mais aussi d'universitaires, de chercheurs et de critiques, a attribué plusieurs distinctions aux cinéastes algériens. Le grand prix « Issni N'Ourgh » et le prix du Meilleur scénario, ont été attribués à Mimezrane (Il était une fois), cette légende traduite à l'écran par Ali Mouzaoui. Le documentaire H'nifa, une vie brûlée des réalisateurs Ramdane Iftini et Sami Allam, a obtenu, quant à lui, le Grand Prix du documentaire. Ce film avait déjà reçu l'Olivier d'or du meilleur documentaire lors du Festival du film amazigh de Sétif (janvier 2008) et le prix du Meilleur scénario de court métrage lors du Panorama du cinéma algérien (mars 2008). En 60 minutes, les deux réalisateurs ont su dresser un portrait à la fois intéressant et émouvant de la chanteuse H'nifa (1924-1981), originaire de la région d'Azzefoun. Artiste au destin tragique et romanesque (souvent comparée à Edith Piaf), H'nifa a chanté la femme, les amours impossibles, l'exil, le sien et celui des autres, la malvie. Tout un pan de l'histoire contemporaine de l'Algérie transparaît en filigrane à travers ce film d'une grande qualité technique et esthétique. Le prix du Meilleur rôle féminin est revenu à l'actrice algérienne Fatma Zohra Baghdadi, interprète du film Areski l'Indigène de Djamal Bendeddouche, qui retrace la vie du célèbre bandit d'honneur. Loundja, de Mohamed Boukourdane et Kif Kif de Aksil Mula ont également été honorés à Agadir avec, respectivement, une Mention spéciale et un Coup de cœur. Quant au film d'animation de Boukourdane (90 min), qui tire sa substance d'un conte populaire, il intéresserait grandement les jeunes s'il venait à être distribué. En somme, un grand triomphe de la cinématographie algérienne au Maroc. Le jury a également apprécié le long métrage Tagat de Lahoucine Chkir et le court métrage Tislatin n oughanim d'Ahmed Baidou (Maroc). La délégation algérienne, composée, entre autres, de Aït Oumeziane Abdelkrim, directeur du CNCA (Centre national de la cinématographie algérienne) et de Assad Si El Hachemi, directeur du FNACA, a reçu un accueil des plus chaleureux de la part des organisateurs et des festivaliers. A l'issue de cette manifestation, plusieurs projets ont été annoncés, notamment un partenariat dans le domaine de la coproduction, de la formation et de la diffusion des films entre l'Algérie et le Maroc. Un grand pas vient d'être franchi depuis l'apparition de Tamghart N'ourgh , premier film amazigh de Lahoucine Biz Garne, pionnier du genre dans le Souss.