L'enseignement, surtout lorsqu'il est dit « supérieur », ne peut s'élever à la noblesse que s'il est empreint de dignité. Les deux notions sont si proches que lorsqu'elles sont réunies en une seule personne, elles lui confèrent le titre de Maître. Mais un maître ne peut prétendre à la postérité que s'il met de la distance entre lui et ses disciples. Jusqu'au jour bénit de la béatitude où le maître s'efface devant l'élève. Ici bas, il est plus courant de voir maîtres et disciples s'étriper pour des broutilles. Il en va ainsi à l'université où à la fin de l'année, s'effectue le partage de la cagnotte destinée à couvrir les frais de séjours à l'étranger. Puisque le législateur n'a pas jugé décent de séparer selon le grade, l'assistant imberbe se retrouve au même niveau que le professeur chevronné. La foire d'empoigne fait peine à voir et à vivre quand l'enseignant de rang magistral se trouve en compétition avec des débutants malfamés. Mais le plus douloureux dans ce « Mercato » honteux c'est lorsqu'un professeur se fait délivrer par son confrère de l'autre rive une invitation à consulter la bibliographie. Comment convaincre qu'à 50 ans, celui qui est au grade le plus élevé de l'échelle puisse aller mettre à jour sa bibliographie. C'est un lourd non sens que beaucoup assument sans sourciller. L'indignité dans ce cas là est absolument sans limite. Car il s'agit de l'élite du pays qui, l'espace d'une escapade, se mêle à la plèbe. Difficile ensuite de parler de déontologie et d'échelle de valeur. Un stage à Marseille vaut bien une bagarre de chiffonniers. Après on devient forcément bouseux, indigne et servile.