Le Premier ministre mauritanien, Yahya Ould Ahmed Waghf, a présenté, jeudi dernier la démission de son gouvernement et a aussitôt été chargé de former une nouvelle équipe pour tenter de satisfaire les exigences de députés de la majorité, à l'origine d'une fronde à l'Assemblée. Jeudi matin, le Premier ministre a indiqué à la presse que le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi avait accepté sa démission et celle de son équipe « pour sauver la cohésion de la majorité ». Quelques heures plus tard, un décret présidentiel laconique a annoncé la reconduction de M. Ould Ahmed Waghf, qui s'est immédiatement engagé à rendre « majoritaire » la mouvance présidentielle au sein d'une nouvelle équipe gouvernementale. Ces déclarations visent à rassurer les 39 députés de sa majorité qui ont obtenu la démission du gouvernement formé en mai dernier, en plaçant ce dernier sous le couperet d'une motion de censure pour manque de représentativité. Les députés frondeurs contestaient principalement, l'ouverture de l'équipe gouvernementale à deux partis peu représentatifs à l'Assemblée (les islamistes de Jemil Ould Mansour et les centristes de gauche de Mohamed Ould Moloud) ainsi que le retour à des postes-clés de caciques du régime de Maâouiya Ould Taya (1984-2005) ayant échoué aux dernières législatives de 2006. Forts du soutien du Rassemblement des forces démocratiques (opposition, 18 députés) ces députés auraient largement pu atteindre les 48 voix nécessaires (sur 95) pour mettre le gouvernement en minorité. Le porte-parole des députés signataires de la motion de censure, Sidi Mohamed Ould Maham, a qualifié de « positive » la démission du gouvernement, affirmant que ses amis ne « se prononceront sur le nouveau cabinet que lorsque celui-ci aura été formé ». La motion de censure, la première déposée depuis l'indépendance du pays en 1960, avait provoqué, mercredi, l'indignation du président Ould Cheikh Abdallahi qui avait menacé de dissoudre le Parlement en représailles. Accusé d' « immixtion » dans le pouvoir législatif, le président s'était, toutefois, déclaré ouvert au dialogue. De sources concordantes, le président souhaitait éviter des législatives anticipées, lourdes de conséquences pour ce pays très pauvre qui tente de consolider son retour à la démocratie, après une transition militaire de deux ans (2005-2007) conduite par une junte ayant renversé M. Ould Taya. Selon M. Ould Ahmed Waghf, si la motion de censure avait été votée par l'Assemblée, « une division aurait pu s'installer durablement et perturber le fonctionnement des institutions ».