Née à la faveur d'une visite de travail effectuée en 1996 au Québec par le défunt secrétaire général de l'UGTA Abdelhak Benhamouda, l'idée de créer en Algérie un fonds de soutien à l'investissement pour l'emploi (FSIE), inspiré du modèle canadien, a pris forme au terme d'une longue et laborieuse procédure. Il a fait ses premiers pas mercredi dernier avec l'organisation d'une intéressante journée d'étude à l'Ecole supérieure de banques de Bouzaréah, à laquelle avaient pris part Karim Djoudi, ministre des Finances, et Abdelmadjid Sidi Saïd, secrétaire général de l'UGTA. A travers les propos des conférenciers et des intervenants aux débats, on a beaucoup appris de l'historique de cette institution qui est une réplique adaptée à la législation algérienne, d'un fonds de solidarité québécois qui avait fait un travail remarquable en matière de soutien à l'investissement et à la création d'emplois. Les performances de ce fonds financé par les travailleurs avaient séduit le regretté Abdelhak Benhamouda qui n'avait malheureusement pas eu le temps de concrétiser ce souhait, mais qu'il est tout de même parvenu à léguer, comme un testament, à son successeur Abdelmadjid Sidi Saïd qui s'évertuera à l'exécuter avec une admirable ténacité. Il imposera l'examen du dossier du FSIE aux plus hautes autorités du pays, notamment à l'occasion de nombreuses réunions bi ou tripartites. Le fonds de soutien à l'investissement pour l'emploi finira par être créé par voie législative à la faveur de la loi de finances pour 2005. Une assemblée générale constitutive donnera, quelques années plus tard, officiellement corps à cette institution, aujourd'hui inscrite au registre du commerce. Les formalités de création accomplies, l'institution s'apprête aujourd'hui à faire ses premiers pas dans le marché financier en lançant dès le mois d'octobre prochain un appel à souscription en direction de l'épargne publique et, notamment, celle des travailleurs. Une action médiatique d'envergure portée par les médias nationaux, mais aussi et surtout par les syndicalistes de l'UGTA, sera prochainement mise en branle pour sensibiliser le public concerné sur les avantages que pourrait offrir leur souscription aux actions que le fonds de soutien compte mettre prochainement sur le marché. Les avantages offerts par cette nouvelle formule d'actionnariat sont effectivement nombreuses, à commencer par la rentabilité exceptionnelle de l'action due à une bonification de 10% assurée par l'Etat. Acquise à 180 DA l'unité, l'action vaudra par le truchement de cette bonification 200 DA. L'actionnaire, qui accepte les conditions (ne disposer de leurs actions et de leurs produits qu'à l'âge de la retraite ou à certaines conditions exceptionnelles), aura en effet le privilège de disposer d'actions particulièrement rentables et en constante augmentation, en raison du placement quasi automatique des dividendes générés dans l'acquisition de nouvelles actions. Une partie des ressources en question (50%) sera, par ailleurs, judicieusement utilisée pour promouvoir des investissements multiformes au profit des petites et moyennes entreprises. L'actionnaire pourrait ainsi tirer, en sus des dividendes produits chaque année par ses actions, d'intéressants profits générés par les investissements. Les premiers responsables du Fonds, à commencer par son dynamique directeur général, Mohand Tessa, sont parfaitement conscients que la clé du succès de leur premier appel à souscription est dans la communication. La résolution d'activer pour ce faire le réseau national des cadres syndicaux de l'UGTA est, certes, excellente mais ne saurait suffire à elle seule, ne serait-ce qu'en raison de la présence affirmée de nombreux syndicats autonomes dans divers secteurs de l'économie nationale. Il faudra nécessairement compter sur eux pour que l'opération ait de bonnes chances de réussir. C'est du reste l'avis de Abdelmadjid Sidi Saïd, qui nous a affirmé en aparté que « lorsque c'est l'intérêt de l'ensemble des travailleurs algériens qui est en jeu, l'affiliation à un syndicat ou à un autre, n'a pas d'importance. J'appelle, donc, les syndicats autres que l'UGTA à travailler ensemble pour valoriser cette forme d'actionnariat populaire auprès des travailleurs qu'ils représentent. Il est temps qu'on apprenne à agir en synergie et la collaboration des syndicats autonomes à la réussite de ce Fonds de solidarité, créé à l'effet d'augmenter les revenus des travailleurs et de soutenir l'investissement dans les PME, ne peut être que souhaitée, voire saluée par notre centrale syndicale ».