Entre Palestiniens et Israéliens il y a toujours un mais, ou encore le mot en moins, mais les derniers sont passés maîtres dans les coups médiatiques. Ainsi, il en est de leur premier ministre qui déclarait dimanche dernier à Paris, que Palestiniens et Israéliens n'ont jamais été aussi proches d'un accord. Un concept bien vaste, finit-on par se rendre compte, depuis que l'accord d'Oslo a été signé puis tué quelques années plus tard par Israël. Le ministre français des Affaires étrangères, qui est intervenu, hier, sur la substance même de la déclaration de Paris sur l'UPM (union pour la Méditerranée), s'est laissé aller à quelques explications pour dire que tout tenait à un mot. Comme dans les discours de ceux qui viennent de découvrir le droit des Palestiniens en lui accolant toutefois, le qualificatif de politique. Une bien grosse différence, et les Palestiniens ont vite perçu le piège en revendiquant des droits nationaux.En ce qui le concerne, Bernard Kouchner a fait état, hier, d'un « blocage » de dernière minute entre Israéliens et Palestiniens lors du sommet de l'UPM qui s'est conclu par l'adoption d'une déclaration finale d'une dizaine de pages, mais « un dernier moment de blocage entre les Israéliens et Palestiniens a fait que le texte doit être encore un peu corrigé », a-t-il déclaré. « Au dernier moment, nous avons échoué, peut-être à une demi-heure près sur un mot », a poursuivi le ministre. Ce mot, a-t-il expliqué, concerne « l'Etat nation, l'Etat national et démocratique ». « National, ça sous-entend toute une difficulté de retour des réfugiés et d'Etat juif ou pas juif, Etat palestinien. Bref, ça n'a pas eu lieu ». La délégation palestinienne a confirmé ce différend. « Les Israéliens ont insisté pour inclure la mention ‘'Etat pour le peuple juif'', ce à quoi nous nous sommes catégoriquement opposés », a déclaré le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad Al Maliki. « Il était hors de question pour nous de l'accepter », a-t-il ajouté. « Nous aurions souhaité que la déclaration finale sur ce point soit plus claire », a renchéri un responsable palestinien parlant sous couvert de l'anonymat. Dans la déclaration publiée à l'issue de la conférence euro-méditerranéenne de Lisbonne, les 5 et 6 novembre derniers, il est écrit que « les discussions bilatérales entre Israël et l'Autorité palestinienne doivent préparer le terrain (...) pour deux Etats nationaux ». Le 27 novembre dernier, à Annapolis, en revanche, il n'est fait mention que de « l'objectif de parvenir à deux Etats, Israël et la Palestine ». Ce n'est pas une simple bataille sémantique. Ses enjeux sont énormes. Ils renvoient à la notion d'Etat avec sa continuité géographique et politique, ses frontières telles que reconnues par les instances internationales et en aucun cas comme celles qu'Israël entend définir de manière unilatérale. C'est la souveraineté palestinienne sur l'ensemble de son territoire ainsi que ses ressources, dont l'eau devenue un motif de guerre, le droit de disposer d'une force militaire, et surtout dans ce lot d'interrogations et de revendications, le droit des réfugiés palestiniens au retour. Plus clairement, il est d'une application stricte et intégrale des résolutions internationales comme la 194 qui n'a jamais été appliquée. Cela tient peut-être à quelques mots, il est vrai, mais leur signification est déterminante pour le futur Etat palestinien.