Mina, comme aimaient l'appeler ses amis, était un visage familier de la radio algérienne et de la maison de la presse Tahar Djaout d'Alger. Généreuse, affable et souriante, Mina – qui avait une prédilection pour la couleur mauve – se montrait toujours disponible pour prodiguer ses précieux conseils en matière de liberté de la presse et pour la cause des femmes algériennes. La plupart de ses amis avaient du mal hier à accepter sa mort et à parler d'elle au passé. Les yeux larmoyants et la voix nouée par la douleur, son amie et associée Nefissa Lahrache avait du mal à évoquer la défunte. « Mina était une battante. Pas plus tard qu'il y a trois jours, je l'ai eu au téléphone. Nous avons pu discuter, mais je sentais qu'elle était fatiguée. Elle avait un esprit d'équipe formidable. Nous avons créé Ounoutha ensemble. Sa disparition est une grosse perte pour l'Algérie. Elle laisse derrière elle des souvenirs et des images denses. Grâce à ses compétences, elle a su surmonter les défis et surtout s'imposer », confie-t-elle. Pour Kader Boukennat, ancien animateur à la Chaîne III : « Avec la disparition de Mina, c'est un pan de notre vie qui s'en va. C'est elle qui m'a formée dans les années 1980. Elle m'a mis les pieds à l'étrier. C'était notre lumière journalistique. Elle était à contre-courant de ce qui se passait dans le monde. C'était une combattante. Elle avait une singularité propre à elle. Elle voulait que chaque individu prenne conscience de sa propre analyse. Mina sera toujours dans nos mémoires. Nous nous devons d'entretenir son souvenir. » Licenciée en sciences journalistiques et d'information à Alger en 1976, Mina est également détentrice d'un magistère en relations internationales. Elle intègre la radio d'expression française la Chaîne III de 1974 à 1989, en qualité de journaliste spécialisée en économie et en politique. A l'ouverture du champ audiovisuel en 1991, elle a créé avec une équipe réduite, un magazine féminin, Ounoutha, où elle occupera le poste de directrice de la publication francophone. Un magazine qui subira les affres néfastes du marché publicitaire. Après avoir assuré des sorties mensuelles, la revue est réduite aujourd'hui à des publications occasionnelles. En 1994, Mina décide de revenir à ses premières amours. Elle est coproductrice de l'émission féminine « Paroles de femmes ». De 1995 à 1997, elle sera productrice d'une émission économique appelée « Ouverture », consacrée à l'investissement en Algérie. De 1995 à 2003, elle est nommée en qualité de directrice administration à la revue Ounoutha. De 2003 à 2005, elle est coordinatrice du projet ONG. Mina était réputée pour ses activités sociales. Preuve en est, sa nomination en qualité de fondatrice et secrétaire générale de l'association Femmes en communication, créée en 1995. Une association qui œuvre à établir des réseaux de communication entre les femmes, transmettre la parole des femmes et faire la promotion de l'expression féminine sous toutes ses formes. Elle était également coordinatrice de projet en matière de développement de la communication au sein de l'association Femmes en communication. La défunte s'est distinguée en participant activement dans de nombreuses rencontres sur les droits des femmes en Algérie et à l'étranger dont la conférence internationale de Beijing de 1995. Elle a aussi participé à des séminaires concernant les médias et rédigé un état des lieux de la presse écrite algérienne durant la décennie 1990. Dernière activité dans ce domaine : membre de l'atelier Femme des médias lors de la conférence sur le rôle et la place des médias dans la société mondiale de l'information (conférence préparatoire au prochain sommet sur la SMI de Tunis). Elle a initié plusieurs actions de formation pour le développement des compétences techniques des adhérentes de FEC et de celles d'associations partenaires. L'objectif étant de produire et d'aider à produire des contenus d'information sur la revendication égalitaire et de les disséminer par le biais d'internet pour qu'ils soient générateurs de réflexions d'action ainsi que d'éléments de plaidoyer. Il est à noter que le dernier projet, initié par la défunte, est le lancement, depuis deux mois, d'un projet web Radio. Repose en paix, chère Mina... nous garderons de toi l'image d'une femme exceptionnelle aux qualités humaines et professionnelles incommensurables.