« Je vous fais confiance, mais je suis pressé. » C'est en ces termes que de Gaulle a confié le commandement général des forces armées en Algérie à ce général quinquagénaire aussitôt après revenu aux affaires. Maurice Challe est né en septembre 1905 dans le Vaucluse, plus précisément Le Pontet, dans le sud-est de la France. Saint-Cyrien, il est breveté de l'aéronautique. Comme beaucoup d'officiers qui ont exercé en Algérie, Maurice Challe était un chef de réseau dans la Résistance. Il était spécialisé dans le renseignement. Il est nommé le 12 novembre 1958 pour commander la guerre en Algérie. Le général André Martin, alors chef de cabinet de Pierre Guillaumat, ministre des Armées, qui, dit-il, était différent « de ceux qui combattaient », avait « compris la véritable pensée du général de Gaulle ». S'il n'en dit pas plus sur les intentions du fondateur de la Ve République, il dit avoir « insisté pour faire nommer Challe commandant en chef en Algérie, parce que c'était le seul qui avait réfléchi à la manière de gagner la guerre ». Homme indécis que ses proches décrivent comme quelqu'un qui « dans les passages difficiles n'a pas su prendre parti ». Aussi, en 1961, lors du putsch, des colonels d'active l'auraient influencé pour qu'il s'associe à Jouhaud et Zeller, puis rejoints par Salan, pour former, selon la formule de de Gaulle, ce pouvoir qui avait « une apparence : un quarteron de généraux à la retraite ». La suite est bien connue, l'aventure de ces desperados s'est achevée en eau de boudin. C'est l'échec, puis la débandade. Challe, qui aura associé son nom à celui de Morice du barrage électrifié aux frontières orientales et occidentales de l'Algérie dont il a renforcé les effets meurtriers et au plan des opérations militaires entre 1959 et 1961, sera appréhendé, jugé et condamné à 15 ans de réclusion. Il sera néanmoins gracié en 1966 par celui qui l'a porté sur le proscenium de la barbarie. Challe meurt à Paris en février 1979. Les commandos de chasse Les commandos de chasse étaient des unités composées de supplétifs algériens de l'armée française, autrement dit des harkis. Ils ont été créés par le général Challe. Ces unités ont été portées aux nues par la presse colonialiste de l'époque, qui en a verni le prétendu héroïsme et « gloriolé » d'abondance la geste. Mais il n'y avait guère que leurs thuriféraires pour soutenir leur efficacité. Dans un entretien paru dans le quotidien Le Monde en 1988, le général Raymond Chabanne analysant leur utilité estimait : « Pour le général Challe, il s'agissait de prélever sur les unités de secteur, à son avis trop statiques, les éléments les plus dynamiques pour les regrouper au sein de commandos légers et manœuvriers capables de localiser et marquer les katibas et de faire intervenir l'aviation pour les détruire. Dans son esprit, la mission de ces commandos ressortait donc plutôt du renseignement que du combat de choc. En effet, agissant isolément, ils n'étaient pas assez puissants pour venir à bout, sans appuis extérieurs, des katibas du FLN de plus en plus puissantes et manœuvrières. C'était une idée à première vue séduisante, mais une idée d'aviateur qui ne connaissait pas suffisamment les conditions du combat sur le terrain. En effet, sauf à de rares exceptions, les hommes des katibas ne se présentaient pas groupés et ne constituaient donc pas un objectif valable pour l'aviation dont les délais d'intervention étaient en général beaucoup trop longs et l'efficacité aléatoire. » En revanche ces commandos se seront distingués dans des actions peu glorieuses dont les retombées jetteront l'opprobre sur l'armée française. Les populations civiles, femmes, enfants et tous les survivants des opérations du plan Challe en gardent un sinistre souvenir et leurs récits et témoignages glacent encore le sang des plus endurcis.