Les autorités libyennes ont rassemblé des preuves solides contre Seif al-Islam Kadhafi, fils du dirigeant déchu, avec l'espoir de convaincre la Cour pénale internationale (CPI) d'autoriser son jugement en territoire libyen, a déclaré samedi le procureur de la CPI. "Le procureur général (libyen) nous a expliqué ce qu'il faisait et il a un dossier solide", a déclaré à Tripoli Luis Moreno-Ocampo à la presse, au terme de sa visite axée sur le dossier de Seif al-Islam, arrêté le 19 novembre par une brigade d'ex-rebelles de Zenten (ouest) qui le détient toujours. "J'ai compris qu'il avait 30 témoins de plus. Il a aussi des documents et des retranscriptions (de communications). Il semble qu'il ait beaucoup de preuves", a-t-il dit, en soulignant que ces éléments restaient confidentiels à ce stade de l'enquête. La Libye et la CPI se disputent le droit de juger Seif al-Islam, visé par un mandat d'arrêt de la CPI pour crimes contre l'humanité commis en 2011 lors de la répression de la révolte populaire qui s'est transformée en guerre civile. "La Libye présentera le 30 avril ses arguments pour expliquer les raisons pour lesquelles elle veut juger elle-même Seif al-Islam et (Abdallah) Senoussi," ex-pilier du régime déchu arrêté en mars à Nouakchott, selon M. Ocampo. Il n'y a pas de délai pour un procès du fils de M. Kadhafi, mais M. Ocampo a laissé entendre que, selon ses estimations, la Libye pourrait tenir son engagement de le juger avant l'élection de l'Assemblée constituante en juin. Tripoli a fait appel le 10 avril d'une décision de la CPI lui demandant de lui livrer "immédiatement" Seif al-Islam. Elle va soulever le 30 avril une exception d'irrecevabilité pour obtenir un arrêt de la procédure à la CPI. Outre la CPI, les autorités libyennes doivent aussi convaincre les responsables de Zenten de livrer Seif al-Islam si elles entendent le juger. Selon M. Ocampo, qui n'a pas demandé à rencontrer le prisonnier parce qu'il n'avait pas encore d'avocat, les autorités libyennes lui ont assuré qu'il n'était "pas maltraité". Le procureur international a réaffirmé qu'il était impératif pour les Libyens ayant combattu l'injustice du régime de Mouammar Kadhafi, renversé en août 2011 puis tué en octobre, de prouver qu'ils pouvaient à présent "appliquer la justice pour une personne comme Seif".