La justice française a ouvert mercredi une enquête judiciaire pour "violation du secret de l'instruction", après la diffusion par la chaîne de télévision française TF1 d'enregistrements audio du jihadiste Mohamed Merah et des policiers qui l'assiégeaient. L'enquête porte également sur les qualifications de "violation du secret professionnel" et recel, a-t-on appris de source judiciaire. L'enquête visera à établir comment les journalistes de TF1 ont obtenu ces enregistrements conservés sous scellés par la police. Le parquet de Paris avait d'abord ouvert une enquête préliminaire juste après la diffusion de ces enregistrements. L'ouverture d'une enquête judiciaire permet la désignation d'un juge d'instruction. L'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la "police des polices" chargée de l'enquête, avait tenté sans succès lundi de récupérer auprès de la société de production Eléphant et Cie les enregistrements dans le cadre d'une demande de remise volontaire. La société avait refusé de les lui donner. La diffusion des extraits de discussions entre Mohamed Merah et la police qui l'assiégeait a suscité la colère des familles des victimes. La chaîne avait mis en avant son devoir d'informer et s'était défendue de tout sensationnalisme. Dans ces enregistrements, Mohamed Merah affirme être prêt à poursuivre sa folie meurtrière, assure être en liens avec Al-Qaïda et le grand banditisme, parle de ses voyages en Afghanistan et au Pakistan et explique comment il a trompé la vigilance des services de renseignements qui le surveillaient. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a adressé mardi une "mise en garde" à TF1 pour avoir diffusé ces enregistrements. Mohamed Merah, un Franco-Algérien de 23 ans, a assassiné entre le 11 et le 19 mars dans le sud-ouest de la France trois militaires, ainsi que quatre personnes de confession juive, dont trois enfants.