Plus de 15.000 partisans du parti islamiste Ennahda, au pouvoir, manifestaient samedi dans le centre de Tunis pour défendre le droit du mouvement à diriger le pays qui traverse sa pire crise politique depuis la révolution de janvier 2011. "Dieu est le plus grand", "Avec la légitimité et pour l'unité nationale", "le peuple veut Ennahda de nouveau", "le peuple veut un Ennahda en acier", a scandé la foule sur l'avenue centrale Habib Bourguiba, haut lieu de la révolution. Ils ont aussi repris des slogans pour dénoncer les médias, le dirigeant d'opposition et ex-Premier ministre post-révolutionnaire Beji Caïd Essebsi, et la France, accusée d'ingérence depuis des propos du ministre de l'Intérieur Manuel Valls la semaine dernière parlant "de fascisme islamiste". Les manifestants brandissent des dizaines d'étandards du parti islamiste, de drapeaux nationaux, ainsi que quelques bannières noires de la mouvance salafiste. Ils tiennent aussi des pancartes marquées de "Nous sommes tous des frères et contre la violence", "Pour la défense de l'identité arabo-musulmane" ou encore "média de la honte et de la sédition". La manifestation prévue pour durer jusqu'à 15H00 GMT (16H00 locales) vise à défendre le droit d'Ennahda à diriger le pays alors que le Premier ministre Hamadi Jebali essaye depuis le 6 février et l'assassinat de l'opposant anti-islamiste Chokri Belaïd de former un gouvernement apolitique, contre l'avis de ce parti dont il est le numéro deux. Ce meurtre a plongé le pays dans une profonde crise politique en raison de l'incapacité des partis de s'entendre sur un nouveau cabinet et de trouver les tueurs de l'opposant. Après avoir rencontré les chefs des principaux partis, M. Jebali a annoncé vendredi de nouvelles consultations lundi sur son initiative, reportant sine die la composition du gouvernement, dont l'annonce était prévue samedi, et prolongeant la crise politique. La manifestation de samedi est la seconde à l'initiative d'Ennahda depuis l'assassinat. La première avait lieu le 9 février avec une mobilisation de quelque 3.000 personnes seulement. Le nouveau rassemblement reste cependant, pour le moment, largement inférieur aux funérailles de l'opposant anti-islamiste le 8 février qui avaient rassemblé des dizaines de milliers de personnes.