« Il parait que Saâdane va renvoyer Chaouchi ». « Un café bien serré svp ». « Les égyptiens n'ont plus de gaz, ils vont crever de faim » Le mariage, le renvoi du gardien de but Faouzi Chaouch, le Halal et le Haram, la flambée des prix et le prix de change des devises étrangères font la une des discussions dans les cafés populaires en Algérie qui sont les seuls lieux de défoulement pour une grande partie de la population. Des cafés, il y en a partout ; dans chaque ville, chaque village, on en trouve même dans les dechras les plus reculées. En ville, chaque quartier possède son ou ses cafés. Les gens s'y rencontrent pour discuter et siroter un thé ou un « café bien serré ». On y discute de tout, de la politique, du social, des prix des produits alimentaires, de la Harga et du visa, mais surtout du sport. Dans un café, on trouve des gens de toutes les couches sociales. On y trouve aussi des spécialistes dans tous les domaines ; sport, politique, développement humain, psychologie et autres sciences humaines. Les sujets et les personnages sont décortiqués et analysés et des solutions sont donnés par ces spécialistes en tout. Le premier café où nous nous sommes rendus était le café de la mosquée » à Bir Mourad Raïs dans la capitale. C'est un ancien café situé à la placette de la Commune près de la mosquée. Il était dix heures du matin, le café est bondé de gens et le serveur court d'une table vers une autre, servant un café par ci, une limonade par là. Fatwa, Tisane et Fatiha du Coran Ils étaient cinq autour d'une table en train de boire du thé. Ils écoutaient tous un vieil homme portant une Kachabia en poil de chameau. La curiosité de journaliste me pousse alors à ouvrir mes oreilles et à tenter de savoir ce que disait ce vieillard au milieu de ce brouhaha et des cris du serveur « un vichy, un lait chaud » etc. « Dieu sait et vous, vous ne savez pas » sont les mots qui arrivèrent à mes oreilles. Le vieil homme faisait une causerie religieuse. Ses compagnons l'écoutaient très attentivement. J'ai d'abord pensé qu'il parlait de la morale en Islam mais il s'est avéré que l'orateur parlait du mariage lorsqu'il demanda l'identité des tuteurs et les prénoms des mariés. La mariée se prénomme Cheherazad, et l'imam trouva des difficultés à le prononcer. La mariée me rappela Cheherazad des Mille et Une Nuits, sauf que la première épousa le roi Cheherayar dans l'un des plus grands palais d'Inde alors que la notre elle conclu son mariage dans un café maure ! J'ai payé mon café et me suis dirigé dans un autre qui paraissait plus calme. A l'intérieur, tous les clients lisaient des journaux de sport. Cette scène me rappela aussi la salle de lecture à l'université. On y trouve rarement deux personnes qui discutent et quand cela arrive c'est à propos du contenu d'un article. Les uns lisent El Heddaf (le Butteur), les autres Echibak (Les filets). Certains s'inquiètent même pour l'avenir de l'équipe nationale après le licenciement du gardien Chaouchi. Je me suis approché d'un jeune homme et lui ai demandé les nouvelles des Verts ; il me répondit que rien n'allait bien. Il me demanda si je cherchais du travail. J'ai appris alors que tous ces jeunes étaient des ouvriers chômeurs qui attendaient d'eventuels chefs de chantiers ou recruteurs.