La menace terroriste qui pèse sur l'Europe est "réelle", a estimé mercredi le coordinateur de la lutte contre le terrorisme de l'Union européenne, Gilles de Kerchove, à la veille d'une réunion à Luxembourg des ministres européens de l'Intérieur où la question sera abordée. Cette menace "est réelle. Je pense que les responsables publics ne vont pas terrifier la population avec rien du tout derrière", a-t-il commenté dans une déclaration au service d'informations télévisées de l'Union, Europe by Satellite (EbS). "Cela s'inscrit dans un contexte général (celui) d'une menace qui n'a pas diminué ces derniers temps", a souligné M. de Kerchove, qui doit participer jeudi à la réunion de Luxembourg. Washington, Londres, Paris, Tokyo et Stockholm notamment ont émis des mises en garde sur des risques d'attentats en Europe. Berlin, pour sa part, a critiqué une communication alarmiste, le ministre allemand de l'Intérieur Thomas de Maizière ayant jugé que cela faisait le jeu des terroristes. "Nous savons qu'il y a toujours l'intention, notamment d'Al-Qaïda, de commettre des attentats de grande ampleur", a rappelé M. de Kerchove. "Et ce d'autant plus que la pression s'accentue sur le coeur d'Al-Qaïda entre l'Afghanistan et le Pakistan par le fait des attaques de drones, des opérations spéciales américaines". Mais "à côté d'Al-Qaïda, nous avons une prolifération de groupes franchisés, comme Al-Qaïda dans la péninsule arabique, les shebab en Somalie, Al-Qaïda au Maghreb islamique et (...) d'autres groupes qui n'appartiennent pas à Al-Qaïda", a-t-il souligné. Il y a aussi "des Européens ou des Américains, nés en Europe ou formés en Europe, qui cherchent à rejoindre le djihad ou des points chauds en Somalie, au Yémen, en Afghanistan ou au Pakistan", entre autres, a-t-il relevé. Inconnus des services de police, dotés de passeports d'un Etat membre de l'UE, "ils sont capables d'échapper aux écrans radar et ne sont pas faciles à détecter", a-t-il relevé. Enfin, une autre menace vient des gens "complètement déconnectés" des réseaux terroristes, sur le modèle du "loup solitaire, radicalisé sur l'Internet et qui veut faire quelque chose de mal", a expliqué M. de Kerchove. L'UE peut contribuer à la lutte antiterroriste en adoptant des législations qui permettent de mieux définir le phénomène, en aidant des pays tiers à améliorer leur sécurité ou leur développement, ou encore en renforçant les agences de coopération policière et judiciaire comme Europol et Eurojust, a-t-il dit. L'UE pourrait aussi "développer de nouvelles manières de collecte d'informations sensibles, comme les données des passagers aériens", a souligné le responsable.