Le coordinateur de la politique antiterroriste de l'UE estime qu'«un attentat perpétré par des réseaux locaux ou internationaux reste probable». C'est l'affolement. Les Européens se sentent sérieusement menacés, au lendemain du second appel au crime «prêché» par le numéro deux d'Al Qaîda, Ayman Al-Zawahiri. L'annonce du ralliement à Al Qaîda d'un soidisant groupe terroriste libyen n'est qu'une dose de plus. Le nouveau coordinateur chargé de la politique antiterroriste au sein de l'Union européenne, le Belge Gilles de Kerchove, a estimé que le ralliement de mouvements islamistes du Maghreb à la nébuleuse Al Qaîda «rapproche le terrorisme des frontières de l'Europe». Selon Gilles de Kerchove, Al Qaïda demeure la principale menace pour la sécurité de l'Union, soulignant qu'«un attentat perpétré par des réseaux locaux ou internationaux reste probable». Auditionné par la commission Justice, Liberté et Sécurité du Parlement européen, le chargé de la politique antiterroriste fait monter ainsi le mercure de l'alerte au plus haut niveau. Gilles de Kerchove, élu il y a à peine six semaines, a estimé, sur sa lancée, que «l'extrémisme islamiste en Afrique du Nord préoccupe de nombreux Etats membres, notamment ceux qui abritent une importante communauté nord-africaine». Le discours de Gilles de Kerchove a tourné autour de la menace que fait peser le terrorisme islamiste, et particulièrement Al Qaïda, sur l'Europe. Le coordinateur européen a, néanmoins, fait comprendre que le niveau de cette même menace «varie grandement d'un Etat à l'autre». Son compte-rendu de la situation constitue son premier échange de vue avec des députés européens depuis sa nomination. Il est clair qu'Al-Zawahiri a pointé du doigt trois pays occidentaux, à savoir la France, l'Espagne et les USA, mais l'Hexagone et les Etats-Unis se sentaient plus menacés en raison de leurs implications dans les crises du Moyen-Orient. Le premier flic de France, Frédéric Péchenard a, lui-même, reconnu l'implication «à bottes enfoncées» de son pays «au Liban et en Afghanistan». D'où la «forte menace terroriste» qui pèse sur la France. Pour revenir à l'audition, par le Parlement européen, du nouveau coordinateur chargé de la politique antiterroriste, Gilles de Kerchove a également souligné «l'influence considérable» des conflits en Afghanistan et en Irak, qui sont une «force d'attraction pour les combattants européens du jihad». Les événements semblent ainsi se précipiter, plaçant le Vieux Continent dans la ligne de mire de l'organisation terroriste de Oussama Ben Laden. Après les premières menaces proférées par son adjoint contre les intérêts des étrangers au Maghreb, Al-Zawahiri revient à la charge et diffuse un second appel au crime, avec la dose d'un ralliement d'un mouvement islamiste libyen (Gisl), mais qui s'avère être un simple fantasme d'Al-Zawahiri. En tout cas, il y a bel et bien lieu de douter de cette politique de ralliement qui semble bien marcher pour Al Qaîda. Car, jusqu'ici, on n'entendait guère parler d'un Groupe islamique combattant en Libye. Ce qui laisse la parenthèse grande ouverte sur ces annonces de ralliement qui servent, ni plus ni moins, une opération de médiatisation et de récupération, par Al Qaîda, des dernières cellules terroristes qui activent encore en Afrique du Nord. C'est le cas du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc) qui devient, sous l'effet de la médiatisation et le parrainage d'Oussama Ben Laden, un «mouvement d'Al Qaîda dans les pays du Maghreb islamique». Gilles de Kerchove, veut que l'UE investisse «plus énergiquement» le champ de la radicalisation, par la surveillance des sites Internet, «principal vecteur de propagande islamiste». Concernant le renseignement, le coordinateur européen a jugé que «l'échange bilatéral d'informations» entre Etats membres était «intense et satisfaisant», mais qu'il fallait «renforcer l'alimentation d'Europol et d'Eurojust», les organes de coopération policière et judiciaire de l'UE.