La frontière commune des deux Soudans, théâtre d'une escalade de violence depuis fin mars, continue, plus de neuf mois après l'indépendance du Soudan du Sud, d'être contestée. Les deux pays sont au bord d'une guerre ouverte. Salva Kiir, le président sud-soudanais, accuse le Soudan d'avoir « déclaré la guerre » à son pays. Mac Paul, son chef adjoint des renseignements militaires, affirme que l'armée de Omar El Béchir se prépare à une offensive sur Bentiu, capitale de l'Etat d'Unité, située à une soixantaine de km à l'intérieur de la frontière. Ces propos, lancés depuis Pékin, où Kiir était hier en visite officielle, prennent une tournure particulière. La Chine, qui est le premier client de l'or noir soudanais (5% de ses importations), est quasiment « forcée » à « promouvoir le dialogue » entre Khartoum et Juba. « Le pétrole est sur le plan économique la bouée de sauvetage commune du Soudan et du Soudan du Sud. Nous espérons que les deux pays vont savoir raison garder et trouver une solution adéquate, grâce à des négociations, à leur crise sur le partage des profits du pétrole », déclare le porte-parole de la diplomatie chinoise. El Béchir, le président soudanais, qui refuse de revenir à toute négociation avec le Soudan du Sud, malgré les appels au calme lancés par la communauté internationale, accuse son homologue de vouloir « ébranler la stabilité » de son pays en soutenant, sans discontinuité, ses rebelles opérant au Darfour, et dans les Etats du Nil Bleu et du Kordofan-Sud. Selon Juba, Khartoum continue d'envoyer ses Antonov bombarder les régions pétrolifères frontalières et des localités à environ 25 km de la ligne de front. « Ces bombardements qui causent des pertes parmi la population civile doivent s'arrêter », déclaré Hilde F. Johnson, représentante spéciale du SG de l'ONU pour le Soudan du Sud. Juba menace de répliquer aux bombardements et retourner à Heglig. En attendant une éclaircie ou une solution miracle en provenance d'Addis-Abeba où l'Union africaine s'est réunie hier pour débattre de la situation au Mali et en Guinée-Bissau et de ce conflit, les deux Soudans renforcent leurs effectifs le long de leur frontière contestée.