Le général De Bourmont, alors commandant les troupes françaises, lança, le 23 juillet 1830, une offensive sur Blida pour éprouver les habitants et les chefs des tribus de la Mitidja. Elle coïncida avec la tenue de la réunion des chefs de tribu de la Mitidja avec ceux des tribus limitrophes ainsi que des notables de la ville d'Alger, à l'issue de laquelle il fut décidé de déclarer la guerre à l'occupant tout en poursuivant le siège et le boycott commercial afin d'empêcher les Français de s'approvisionner aux marchés. Cheïkh Mohamed ben Zaâmoum adressa une mise en garde au général De Bourmont lui rappelant les conséquences d'une telle expédition. Ce dernier passa outre et dirigea une campagne composée de 1.200 soldats. A son retour, il croise les troupes de Mohamed ben Zaâmoum qui lui livreront la première bataille au cours de laquelle des officiers et soldats français ont trouvé la mort. Pour l'armée française, c'est la première bataille après la prise d'Alger. Pour les Algérois, ce fut ainsi la première victoire remportée par la résistance populaire contre l'occupation française. Elle a eu un impact positif sur le moral des habitants. Les Français ont dès lors renoncé à l'idée de conquérir Blida et jusqu'à ce que le général Clauzel succède au commandant général De Bourmont. Celui-ci conduisit une deuxième expédition contre la ville de Blida et une autre sur Médéa afin de briser le siège d'une part et réhabiliter les troupes françaises après leur première défaite, d'autre part. L'expédition du commandant général Clauzel est partie le 17 novembre 1830 et parvint à Blida le jour suivant. Première action d'intimidation : un assaut est lancé contre la mosquée transformée en hôpital militaire. Les soldats eurent pour ordre « de pourchasser les populations désarmées et d'incendier leurs demeures après avoir pillé les denrées alimentaires. » Une garnison militaire fut installée. Lors de l'expédition menée sur Médéa, aux gorges de la Chiffa, une embuscade leur fut tendue par les troupes du bey Boumezrag. « Il y eut un accrochage qui s'est soldé par la mort de trois officiers français, 24 soldats et 80 blessés. » Alors que Clauzel se trouvait à Médéa, El Hocine, fils de Mohamed ben Zaâmoum, lança une attaque contre la garnison de Blida après avoir rassemblé des cavaliers et fantassins des tribus d'el Khechna, Béni Mesra, Beni Moussa et Béni Khelil. Il répartit ses hommes en deux groupes : le premier se dirigea vers Blida en passant par le flanc de la montagne et le second emprunta une route au milieu de la plaine pour empêcher les renforts d'arriver de Boufarik. Ce deuxième groupe a réussi à liquider bon nombre de Français qui arrivaient en renfort avec des munitions pour la garnison basée à Blida et à s'emparer de leurs armes. Les combats avaient duré cinq heures, au cours desquels 19 soldats français furent tués et 55 blessés. Les troupes françaises se retournent contre les habitants désarmés et commettront un massacre collectif qui s'est soldé par 400 morts. Les résistants ne disposaient que de sabres, de lances et de quelques fusils traditionnels de type ottoman, ou encore de ce qu'ils avaient pu récupérer sur l'ennemi. Devant les coups portés à son armée par les résistants notamment le 27 novembre 1830, Clauzel décida de retirer ses soldats de Médéa vers Alger après s'être vengé, une fois de plus, des habitants isolés à travers des massacres terribles. La deuxième tentative faite par la France pour étendre sa zone d'influence en dehors de la ville d'Alger a ainsi échoué et la résistance dans la Mitidja passait de la phase défense à celle de l'offensive. Par petits groupes, ils lançaient des attaques rapides et se repliaient rapidement ou des incursions sur certaines fermes que les colons avaient commencé à implanter. Les Français tenteront devant cette résistance, sous la conduite du général Berthezène, nommé gouverneur le 20 juillet 1831, d'adopter une politique d'apaisement qui sera abandonnée à l'arrivée du Duc de Rovigo au mois de décembre 1831. L'usage de la force reprit dans l'intention d'écraser la résistance par tous les moyens, y compris le génocide et l'assassinat des chefs de tribu comme ce fut le cas pour le chef des Béni Khalil, Cheïkh Larbi Benmoussa ainsi que celui du territoire du Sebt, Cheïkh Abdelwadi. Ceux-ci furent attirés, avec une délégation des habitants de la Mitidja dirigée par Cheïkh Mohieddine, agha des Arabes, sous prétexte de négociations mais en fait, il fut ordonné de les décapiter. AFFAIRE MARGUERITE (26 AVRIL-1ER MAI 1901) LA REVOLTE DE YAKOUB IBN EL HADJ ET TAÂLIBI HADJ BEN AICHA « Nous avons été durs, même impitoyables pour les indigènes. Nous avons semé la haine par une législation féroce, barbare ». Ce sont là des déclarations d'officiels français qui ne suscitent aucun commentaire tant la barbarie et l'injustice étaient à leur comble. C'est l'affaire Marguerite qui a le feu aux poudres, entraînant une révolte des populations excédées par l'injustice et l'abus des colons. Les événements en question ont eu lieu à Miliana, le 26 avril 1901. Selon les historiens, les insurgés avaient été durement frappés par la colonisation, en application du Sénatus-Consulte, où 1.463 ha leur avaient été enlevés en 1868. Puis vinrent d'autres expropriations, successivement en 1877 et en 1881, qui leur enlevèrent 1.799 ha puis encore les licitations. Ces cessions aux Européens les privèrent encore de 3.329 ha ; l ne restait plus que 4.066 ha pour 3.206 habitants. Les paysans sont spoliés de leurs terres par une colonisation qui montre de plus en plus ses appétits insatiables. S'ajoutent les brimades, les abus, les quotidiennes, les humiliations... Les insurgés expliquent aux juges comment ils ont été dépouillés de leurs terres prises les colons qui les obligent ensuite à travailler pour eux. « Quand un de nos mulets s'égarait sur la propriété d'un colon, nous étions obligés de verser 15 à 20 francs pour récupérer la bête ; quand notre troupeau pacageait dans les broussailles, on n'hésitait pas à nous dresser des procès-verbaux », explique Yakoub Ibn El Hadj, un des artisans de la révolte. Les paysans décident alors de récupérer leurs terres et chasser les colons qui s'installent. La décision est prise à l'occasion d'une fête locale le 22 avril par Yakoub et son lieutenant Taalibi Hadj Ben Aïcha qui mourront tous deux au bagne en 1905 ainsi que 17 autres détenus. Leur procès eut lieu non pas en Algérie mais en France, la chambre d'accusation de la cour d'Alger ayant décidé le renvoi des 125 inculpés devant la Cour d'assises de l'Héraut en France. Le procès commença le 11 décembre 1902 et se termina le 8 février 1903. Sur les 134 inculpés, 17 étaient morts en prison. Parmi les inculpés, il y avait 80 malades dont 15 vieillards de 65 à 70 ans et un aveugle. Ceux qui ont eu « la chance » d'être acquittés furent bannis de leur village. Quant à ceux qui ont obtenu un non-lieu, ils avaient été frappés de séquestre et leurs biens furent vendus au profit du Trésor. Pour serrer davantage l'étau sur la résistance, les autorités signent un décret le 26 mars 1902 instituant des tribunaux spéciaux pour les « Indigènes », ainsi que des tribunaux répressifs. En outre, le 29 mai 1902 a été signé le décret donnant aux administrateurs compétence en matière de simple police dans les communes mixtes. Les héros de la Révolution SI EL HAOUES, UN DES ARTISANS DE NOVEMBRE Le colonel Ahmed ben Abderrazak Hamouda dit « Si El Haoues », un des héros de la révolution de Novembre, naquit en 1923 à Mchounèche, village des Aurès. De par son activité commerciale qu'il exerça suite à la mort de son père en 1937, il eut l'occasion de connaître et de nouer, suite à ses multiples déplacements, des contacts avec les grandes figures du mouvement national tels que Larbi Ben M'hidi, Chérif Saâdane et Mustapha Benboulaïd. Son activité politique commence au sein du Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques (MTLD). Il est aussitôt repéré par les autorités oloniales qui commencent à surveiller ses mouvements. Il est contraint de partir en France afin de soutenir l'action du mouvement national à l'extérieur. Si El Haoues se chargera un peu plus tard, lors du déclenchement de la Révolution, de transmettre aux travailleurs émigrés des informations concernant la Révolution et ses objectifs et ce, pour contrer la propagande et l'intox des organes d'information français qui avaient pour objectif de dénaturer la réalité de la Révolution. Au printemps 1955, il est de retour au pays et rejoint les rangs de l'Armée de libération nationale (ALN). En septembre de la même année, sur décision du commandement des Aurès, il fut affecté au Sahara afin d'élargir la base de la Révolution dans cette région difficile. En janvier 1957, Si El Haoues put rencontrer Amirouche et étudia avec lui les modalités d'application des décisions du Congrès de la Soummam. Si El Haoues tint, dans sa région, une réunion de tous ses cadres au cours de laquelle il les informa des décisions du Congrès. Si El Haoues fut nommé chef de la wilaya VI après la mort de Ali Mellah. Au début du mois de novembre 1958, Si El Haoues assista à la réunion historique connue sous le nom de « la réunion des colonels ». Et après examen de la situation générale de la Révolution aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur, il fut chargé avec le colonel Amirouche de prendre contact avec la direction de la Révolution à l'extérieur. Lors de cette mission, le 29 mars 1959, dans la région de Boussaâda, plus exactement à Djebel Thameur, les deux chefs tombent en martyrs dans une embuscade tendue par les forces coloniales, après une bataille acharnée.