A onze jours de ses débuts au Mondial contre le Paraguay, l'Italie championne du monde a paru avoir les jambes bien lourdes face au Mexique en amical jeudi à Bruxelles, incapable de donner du rythme, de développer du jeu, et in fine logiquement battue 2 à 1. Le constat est implacable : si les Azzurri ne montent pas sérieusement en régime, ils filent droit vers une très grosse désillusion en Afrique du Sud. Certes, il ne s'agissait que de la première rencontre de préparation après douze jours d'un stage d'oxygénation à plus de 2.000 m, à Sestrières dans les Alpes. Et de coutume, les Azzurri sont rarement emballants lors des amicaux à la veille d'une grande compétition. Il n'empêche, l'écart a paru béant avec le Mexique, une bonne équipe, jeune et séduisante, mais qui ne figure pourtant pas parmi les «cadors» du football mondial et, surtout, qui n'a vraisemblablement pas grand-chose de plus que le Paraguay, premier adversaire sur la route des Azzurri au Cap le 14 juin. Du rythme, du jeu, de l'enthousiasme, les Mexicains - qui n'avaient encore jamais battu l'Italie (6 défaites et 4 nuls) - ont étalé tout ce dont les Italiens ont semblé privés. Avec un brin de réalisme en plus et un arbitrage plus rigoureux (un penalty évident non sifflé), ils auraient même pu l'emporter plus largement. Après coup, Marcello Lippi a évoqué les «jambes lourdes», le voyage express effectué dans la journée depuis Sestrières, ainsi que «le retard» dans la condition physique face à une équipe qui se prépare «depuis un mois». Mais le sélectionneur n'a pas non plus caché que cette défaite constituait «un signal d'alarme». «ÇA NE PEUT PAS ÊTRE NOUS» «Je pensais que nous serions un peu mieux», a-t-il souligné, tout en assurant : «mais c'est dans dix jours que nous devrons être au point (physiquement) et nous le serons». «Cela ne peut pas être nous, a-t-il insisté. Cette mauvaise performance n'est pas une raison pour ne pas croire en ce que nous faisons». Dépassés dans l'engagement, les Azzurri l'ont aussi été dans le jeu. A tel point que Lippi a plusieurs fois changé de configuration tactique au cours de la rencontre, mais sans jamais trouver la bonne solution. Le pari d'aligner Marchisio, habituel milieu défensif, en meneur de jeu, a notamment rapidement tourné court. Mais, surtout, la défense, pourtant «le» point fort des champions du monde, a donné d'inquiétants signes de faiblesse. Privée de Chiellini, qui se remet d'une légère contracture au mollet gauche, elle a souvent «pris l'eau» face aux rapides attaquants adverses. Le capitaine Cannavaro a livré un match à l'image de sa saison, fort médiocre, ce qui n'a pas aidé son partenaire de l'axe, le quasi débutant Bonucci. Pour sa deuxième sélection, le joueur de Bari a cependant eu le mérite de sauver l'honneur en marquant en fin de rencontre. Immédiatement repartis à Sestrières, les Italiens vont devoir montrer autre chose pour leur deuxième et ultime match de préparation, samedi contre la Suisse à Genève. Sous peine de commencer à sérieusement douter d'eux.