Malheureusement chaque année, le bilan de la Protection civile de la wilaya en apporte la confirmation. « Les statistiques ne mentent pas, la quasi majorité des estivants décédés par noyade ont été repêchés dans les zones non surveillées par nos éléments » confirme le lieutenant Michalikh, chargé de la communication à la direction de la Protection civile à Tipasa. Pas plus tard qu'il y a deux semaines, deux jeunes à fleur de l'âge ont péri dans les zones rocheuses à Tipasa. « La première victime, en l'occurrence Islam B, âgé de 21 ans et habitant la wilaya de Blida est décédé dans la zone rocheuse de la localité d'El Beldj. Le deuxième, Hamza Z, natif de Tissemssilt, d'à peine 20 ans, est mort par noyade dans un site non surveillé, situé entre les Ruines romaines et Matarès » indique le même officier. Pour savoir un tant soit peu les raisons qui poussent ces estivants téméraires à se rendre, et ce, au péril de leur vie, dans les zones rocheuses et autres sites non surveillés, on a tenté de prendre attache avec certains d'entre eux. Ahmed est un habitué d'une petite crique située à l'ouest de la corniche de Chenoua. A l'abri des regards et du tumulte des villes, elle donne l'impression qu'elle est coupée du monde. « Mes amis et moi passons souvent du bon temps ici. Rien ne nous dérange. C'est le paradis sur terre. En plus, peu de gens viennent se baigner ici » confie Ahmed. Seulement cet endroit paradisiaque, pour reprendre ses propos, cache bien, si l'on peut dire ses pièges. Le danger ici, même invisible, il peut causer des blessures à tout moment, notamment pour ceux qui viennent ici pour la première fois. Rarement perturbées par les vagues, les eaux de la crique sont minées par des rochers tranchants, des fois à fleur de l'eau. « Si par ignorance, un baigneur plonge dans cet endroit, il risque de se fracasser le crâne. C'est entre autres pour cette raison qu'on y a interdit la baignade » prévient le lieutenant Michalikh. Ahmed ne l'entend pas de cette oreille. « Cela fait maintenant des années que je me baigne dans ces eaux. Je connais parfaitement ou se trouve le danger » argue-t-il. Cet argument, selon un habitant de Tipasa ne tient pas la route. « Cette crique ne dispose ni de sanitaires, encore moins de postes de secours de la protection civile. Imaginez dans de pareilles conditions que l'un des enfants qui s'y rend avec son père se blesse. Est-ce qu'on peut le secourir à temps ? » se demande-t-il. Et d'ajouter « La majorité des estivants qui préfèrent cette crique aux plages surveillées, le font pour une simple raison. Dans des endroits pareils, il n'y a pas de mixité ». Sur les galets, zone rocheuses attenantes à la plage Chenoua, ses habitués évoquent une autre raison. « Nous venons souvent ici pour s'adonner à notre sport favori, à savoir la pêche. La majorité d'entre-nous sont des mordus de la canne. Cependant, des groupes de jeunes, souvent ceux qui habitent les localités environnantes nous tiennent compagnie. Non pas pour pêcher mais surtout pour piquer des plongeons. Dieu merci jusqu'à maintenant je n'ai assisté à aucun cas de noyade » affirme Malek de Hadjout. Sur une autre plage interdite, une autre passion, cette dernière est en vogue, c'est la grillade. « C'est un repère idéal pour pique-niquer entre amis. Il faut dire que les rochers nous évitent d'être envahit par le sable. C'est un souci de moins » tente de convaincre un habitant d'Alger rencontré sur place. Néanmoins, ce dernier reconnaît que nager dans cet endroit est un risque qu'on doit prendre en considération. « Malgré le danger, il est des baigneurs qui s'aventurent dans ces eaux infestées de rochers » témoigne-t-il. Que ce soit dans les ports de pêche ou à proximité, comme c'est le cas à Tipasa ou Cherchell, ou bien sur les plages interdites à la nage qui jalonnent la côte tipasienne, les baigneurs trouvent à priori toujours les arguments, souvent les prétextes, pour justifier leur choix et partant minimiser l'ampleur du danger qu'ils encourent. « J'invite les estivants à éviter les zones rocheuses. Dans notre wilaya, 43 plages disposant de toutes les commodités sont autorisées à la baignade. En plus, nos élément veillent à la sécurité des estivants et peuvent intervenir rapidement en cas d'alerte » conclut le lieutenant Michalikh.