La nouvelle Libye s'enlise dans le cycle de l'intolérance, de l'instabilité et de la violence. A la faveur de la transition démocratique, légitimée par l'élection du Congrès général national (CGN), la marche en avant est désormais confrontée au péril de l'extrémisme qui pointe du nez dans un pays miné par les conflits tribaux et la course au pouvoir. Une première victime de choix : le ministre de l'Intérieur qui a démissionné pour protester contre les critiques du CGN portant sur le laxisme, voire l'implication du HCS (Haut conseil de sécurité) dans l'affaire de la destruction des mausolées soufistes. La fracture consommée entre la plus haute autorité de transition et les « thowars », intégrant principalement le HCS, traduit le malaise aggravé par l'incapacité des services de sécurité de faire face à la recrudescence de la violence, notamment, à la suite du double attentat à la voiture piégée qui avait fait deux morts il y a une semaine à Tripoli. La tension est d'autant plus perceptible que le bras de fer déborde sur le volet sécuritaire. A la menace de retrait du HCS en charge de la protection des édifices publics et des bâtiments officiels, brandie par le ministre démissionnaire, l'enquête ouverte par le CGN se veut rassurante sur la fidélité à « l'autorité légitime ». La gestion de la transition qui bat de l'aile est porteuse de risques de chaos. Elle tend à affecter la principale institution en construction qui, selon le ministre de la Défense, Oussama Jouili, souffre énormément de la principale difficulté qui est « l'occupation de sites militaires stratégiques par des groupes de révolutionnaires qui refusent d'intégrer le ministère de la Défense ». Dans cette situation, la montée en puissance de l'extrémisme, procédant au démantèlement à la pelleteuse de célèbres mausolées à Tripoli et à Zliten, est source d'inquiétude. Le président du CGN, Mohamed al-Megaryef, a dénoncé les atteintes au patrimoine culturel et musulman libyen et promis de poursuivre ses auteurs. Son Premier ministre, Kib, a quant à lui appelé le Congrès à « adopter rapidement des lois incriminant le port d'armes et l'atteinte aux symboles historiques et religieux ». Le mouvement de protestation gagne la société qui se mobilise pour protéger les autres mausolées menacés, comme celui de Sidi Landoulsi, à Tajoura, dans la banlieue est de la capitale. « La Libye n'est pas l'Afghanistan », ont scandé les manifestants regroupés à l'appel des réseaux sociaux sur la place d'Algérie, au centre de Tripoli, à quelques centaines de mètres du mausolée détruit de Al-Chaab Al-Dahmani.