La responsabilité incombe à qui ? Quel est le rôle des autorités locales ? Tant d'interrogations qui s'imposent et se posent et quasiment aucune réponse n'est fournie par les responsables concernés. En effet, des chiens errants arpentent les rues d'Alger, s'attaquant parfois les riverains. Des habitants que nous avons approchés et rencontrés à Alger-Centre, Ouled Fayet, Cheraga, Aïn Benian, Douéra et Dely Brahim déclarent que ce phénomène prend des proportions menaçantes. « C'est un phénomène grave et dangereux pour la population, il faut organiser des campagnes d'abattage », s'écrie Hamid, un quinquagénaire dont le voisin en a été victime il y a quelques mois. Du côté des mamans, il n'est pas question de laisser leurs gamins jouer seuls. C'est le cas de Lynda, Nabila et Nassima, respectivement mère au foyer, maître assistante et sage-femme qui ont interdit à leurs gosses de jouer dehors ou encore de faire du vélo. Elles nous expliquent que des meutes errent non loin de leurs demeures. Ce qui explique leur réaction. Le mois dernier, Rahim Hadid, un employé de la sécurité âgé de 28 ans, a été attaqué alors qu'il longeait l'artère principale de son quartier (Belcourt). Bilan : trente huit jours d'arrêt de travail. Il raconte sa mésaventure : « Aujourd'hui, j'ai une peur bleue des chiens. C'est clair depuis cet incident, je ne peux entendre un aboiement sans sursauter de terreur ». M. Hadjiat, vétérinaire, nous explique qu'en cas de morsure, il existe deux traitements possibles. Il s'agit du sérum antirabique qui doit être injecté juste après la morsure, et le vaccin antirabique. Il convient de signaler que le principal vecteur de la rage provient des morsures de chien. La rage est une maladie infectieuse et contagieuse mortelle due à un virus inoculé par la morsure d'animaux atteints, qui provoque un violent état d'agitation ou des paralysies. Le virus utilise le neurone pour se propager dans le reste de l'organisme. Pour ces chiens errants, les monticules de détritus ménagers constituent une source de nourriture et un abri pour se réfugier. A l'étranger, la législation stipule que les animaux errants doivent être capturés puis vaccinés et stérilisés par des brigades spécialisées, avant d'être relâchés dans la nature. Il y a lieu de préciser que plusieurs opérations d'abattage ont été organisées par les services d'hygiène dans les 57 communes de la wilaya d'Alger, mais visiblement cela n'a pas suffi vu que le phénomène prend de l'ampleur. Il convient d'informer que la wilaya d'Alger ne dispose que d'une fourrière canine, située à El Harrach, qui s'occupe des communes d'Alger et même de certaines wilayas, selon l'entreprise Hurbal (hygiène urbaine d'Alger). L'Algérie enregistre annuellement quelque 100 000 cas de morsures d'animaux, notamment de chiens dont la prise en charge en termes de vaccination coûte la bagatelle de 10 milliards de centimes (un seul vaccin contre la rage reveint en moyenne à 1 000 DA). Les campagnes de vaccination des animaux domestiques restent chez nous limitées. L'idéal serait, selon Mohamed Adioul (un retraité), d'élaborer un plan spécial pour éradiquer définitivement ce phénomène qui ne cesse de susciter la peur des citoyens. Il suggère, avec son beau-frère Ali, d'appliquer des mesures strictes d'hygiène, avec ramassage régulier des ordures, des campagnes d'abattage, d'autres de sensibilisation et des journées d'information.