Au coude à coude, les candidats devaient reprendre, hier matin, leur campagne pour tenter de conquérir un électorat indécis. Le président américain a, notamment, prévu de se rendre dans six Etats, de la Floride à l'Ohio en passant par le Colorado, le Nevada, la Virginie et l'Illinois où le vote s'effectue en avance, demain. Mitt Romney devait se rendre, quant à lui, dans le Nevada et le Colorado, hier, et l'Iowa, dès aujourd'hui. Dans cette droite ligne électorale, l'ultime round, dédié à la politique étrangère, paraît comme un cheveu dans la soupe du citoyen américain, sévèrement touché par la précarité sociale et dans son mode de vie quasi-mystique. Il s'apparente à un exercice de style qui ne changera rien aux fondamentaux de l'Amérique impériale née sur les cendres du monde bipolaire et légitimée par la menace du « péril vert », désormais, en concurrence ouverte avec le syndrome de l'« Iran nucléaire ». La sortie, pour le moins timorée du républicain, adoptant un profil bas et en accord sur les dossiers chauds de politique étrangère, s'explique par la volonté de Romney de déplacer le débat « vers des sujets économiques sur lesquels il pense être plus fort », souligne Dotty Lynch, professeur de communication à l'American University. Toute la latitude a été donnée à Obama prônant le choix d'une stratégie plus offensive, centrée sur l'incompétence de son adversaire et les fluctuations de ses positions sur l'Afghanistan et le désengagement en Irak. Accusé de vouloir « importer les politiques des années 80 », Mitt Romney a, aux yeux d'Obama, fait tout faux. « A chaque fois que vous avez exprimé une opinion, vous avez eu tort », a lancé le président sortant, accentuant le décalage républicain avec les réalités internationales. Le temps révolu des « baïonnettes et des chevaux » est probablement le slogan de campagne à effet immédiat dans la toile en folie : de 1 million de tweets échangés, à la première demi-heure du débat, le nombre a atteint 6,5 millions. C'est l'image de l'Amérique de Romney, incarnant la nouvelle droite, qui prend un coup sévère dans cette charge violente. « Le plan de Romney pour l'armée date de 1917, tout comme son plan pour l'énergie, et ses opinions sur les droits des femmes » a, par exemple, ironisé le tweeter, Eche Madubuike. On y voit aussi, Mitt Romney en costume militaire de la cavalerie de la guerre d'indépendance. Quant au fond, les deux candidats se sont essayés à la définition de « la principale menace » pour les Etats-Unis, clairement exprimée par l'existence des « réseaux terroristes » et l'« Iran nucléaire ». Au-delà des formules incantatoires, le républicain et le démocrate n'ont pas divergé d'un iota sur le refus d'un « Iran nucléaire » et la pertinence des « sanctions écrasantes » jugées productives. « Tant que je serai président, l'Iran n'aura pas l'arme nucléaire », a déclaré, d'un air martial, Barack Obama, tandis que Mitt Romney a promis un traitement diplomatique comparable à l'apartheid. En rivalisant de fermeté sur le dossier iranien explosif, les deux candidats ont, néanmoins, tracé la ligne rouge : la défense du « vrai ami » et de « notre meilleur allié dans la région », selon Obama, critiqué sur les tensions « regrettables » de son mandat. « Nous avons créé la plus forte coopération militaire et de renseignements de l'histoire entre nos deux pays. Cette semaine, nous allons mener le plus vaste exercice militaire jamais fait avec Israël », a surenchéri le président en exercice. Pour le républicain qui, contrairement à Obama, s'était rendu en Israël, en juillet dernier, la « priorité israélienne » motive le renforcement de la relation stratégique « pas juste diplomatiquement, culturellement, mais aussi militairement ». Le monde d'Obama et de Romney : rien de bien différend. La sécurité de l'Amérique et d'Israël en priorité absolue sur les décombres du Moyen-Orient, à feu et à sang.