Avant même d'être une célébration musulmane, l'Achoura était une tradition juive. En 622, lors d'un voyage et en voyant les juifs s'adonner à un jour de jeûne, qui pour eux était le Youm Kippour, fête de l'expiation, le Prophète Mohamed (QSSSL) leur a demandé la signification. Ils lui répondirent que c'était en souvenir du jour où Dieu donna la victoire au prophète Moussa (Moïse) et aux fils d'Israël sur le Pharaon et ses hommes. Le prophète affirma « être plus en droit de jeûner ce jour ». Toutefois, il conseilla aux fidèles d'étendre le jeûne au jour précédent (9e), pour éviter que soient confondus les rites musulman et juif. Selon le hadith d'Abû Qatâda, le Prophète Mohamed (QSSSL) a dit : « Ce jeûne efface les péchés de l'année précédente. » (rapporté par Mouslim) Lorsque le mois du Ramadhan est révélé, le jeûne de Achoura devient recommandé mais non obligatoire, à condition de jeûner deux jours, dont Achoura, pour se différencier du judaïsme. Les musulmans considèrent donc Achoura comme un jour de jeûne et de donation de la zakat notamment en Algérie où ce troisième pilier de l'islam se confond avec Achoura. A ce sujet, le professeur Mourad du Conseil scientifique de Dar El Fetoua dont le siège se trouve à la mosquée El Arkam de Chevalley (Alger) affirme que « la donation de la zakat connue sous l'appellation d'El Achour, est propre aux pays du grand Maghreb. La tradition a fait que la zakat soit remise en cette occasion. Néanmoins, pour que la zakat soit considérée comme telle, elle doit répondre aux deux conditions essentielles qui sont le nissab (calculé cette année à 48 millions 500 de centimes) et la durée de l'économie qui est d'une année (el haoul). Si ces deux conditions sont confirmées, il y a obligation d'offrir la zakat aux huit catégories citées dans le Coran dont les orphelins et les démunis » dira-t-il. Mais dans certains pays, des pratiques culturelles sont venues s'ajouter aux traditions religieuses. Les musulmans les plus avertis diront que ces pratiques sont des innovations et qu'elles ne relèvent pas de l'islam. Mais elles demeurent populaires et ancrées dans les coutumes comme le khôl et la coupe d'une touffe de cheveux. A ce sujet notre interlocuteur nous dira que seule l'intention (nia) détermine ce fait. « Si le cheveu est coupé avec l'intention de se rapprocher de Dieu, c'est une bidaa ». Alors le Prophète Mohamed (QSSSSL)ordonna aux musulmans d'observer le jeûne ce jour là car il considérait Moïse comme étant « plus proche » d'eux. Pour les chiites, l'Achoura est un jour de deuil important qui marque la mort de l'imam Hussein tué et décapité au combat il y a 13 siècles. Une figure emblématique du chiisme et petit-fils du Prophète Mohamed (QSSSL). Ce jour là, les chiites s'auto-flagellent jusqu'au sang.