Photo : Fouad S. La notoriété de la vieille dame dépasse largement sa région natale. Et pour cause, des milliers de mariées ont été habillées par les mains expertes de cette la vénérable vieille. A Ghardaïa, en tous les cas, tout le monde la vénère, en particulier la gent féminine. Les femmes en sont reconnaissantes pour sa manière d'habiller les mariées qui ne laisse personne indifférent. Artiste accomplie, la vieille estime que chaque mariage est une véritable exploration de soi. Une nouvelle épreuve, aussi «Suis-je perpétuellement animée par le désir d'innover et de satisfaire les goûts des épouses». Sans fausse modestie, elle affirme faire du mieux qu'elle peut pour que la fille qu'elle habille paraisse plus belle que jamais dans ses nouveaux habits. Ainsi, en raison de sa popularité et de son expérience acquise au fil des ans, tout le monde lui fait appel à chaque cérémonie. Un sourire aux lèvres, elle souligne qu'«on me sollicite de partout, même en dehors de la wilaya, car je veille au grain». Ainsi, la pratique lui a appris à distinguer ce qui est nécessaire ou pas. Du haut de ses soixante-dix-neuf ans, la dame aux cheveux blancs regrette que les traditions inhérentes au mariage aient changé. Elle explique. «A mon époque, se souvient-elle, les parents l'élue lui choiussisaient le conjoint. Comme dot, souligne-t-elle, il lui offrait épouse une somme d'argent symbolique, un bélier en plus des tissus. Dans les années cinquante, se rappelle-t-elle, la bague de fiançailles et l'alliance n'existaient même pas. En guise de cadeaux, on faisait don à sa dulcinée d'un foulard, un parfum, du cacao et un voile. Comme pour se souvenir d'une époque à jamais révolue, elle dira qu'en dépit de la modestie de la dot et de la frugalité des repas servis aux fêtes de mariage «Nous étions joyeux. D'ailleurs, la fête ne prenait fin qu'au septième jour du mariage, parce que les belles-familles, chacune de son côté, organisait la fête pendant quatre et trois jours ». Par ailleurs, la vieille dame est poétesse. Elle manie le verbe avec une simplicité déconcertante. El Hadja a composé plusieurs poèmes, consacrés notamment à la patrie.