Critiqué à la fois par le gouvernement et l'opposition syriens, bousculé dans sa médiation par les « ingérences » des grandes puissances et des forces régionales, empêchant toute perspective politique au conflit qui secoue le pays depuis deux ans, l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, semble bien décidé à jeter l'éponge après avoir brandi, à plusieurs reprises, sa démission. Toutes les options politiques prônées de part et d'autre, notamment l'accord de Genève élaboré par son prédécesseur, Kofi Annan, pourtant salué par toutes les acteurs de la crise, ne font plus recette devant le choix « jusqu'au-boutiste » de la violence. L'éventuelle démission de Brahimi sonnerait comme un énième échec de la communauté internationale à trouver une issue pacifique au conflit. C'est pourquoi, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a réuni, jeudi, les ambassadeurs des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité pour évoquer le sort de M. Brahimi. « M. Brahimi n'a pas démissionné, mais comme vous le savez, il a dit qu'il y pensait chaque jour », indique un de ses collaborateurs, précisant que ce dernier ne devrait pas prendre de décision avant son retour au Caire mi-mai. Dans cette perspective, les représentants du Conseil ont suggéré à M. Ban de jouer, dans l'avenir, un rôle plus actif dans le dossier au détriment de M. Brahimi qui occuperait un poste plus général de conseiller pour le Proche-Orient. Aucune partie engagée dans le conflit n'a jusqu'ici réagi au sujet. Tout le monde a l'œil rivé sur la rencontre, ce mardi, à Moscou, entre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et son homologue américain, John Kerry. Si aucun détail n'a filtré sur l'ordre du jour, tout porte à croire que le sort de l'émissaire international sera tranché lors de cette réunion. Le tête-à-tête porterait également sur le « recours » aux armes chimiques par l'armée syrienne et l'opposition armée, voire les groupes jihadites, dont celui affilié à al Qaïda, Al Nosra, vient d'être accusé, « preuves à l'appui », par Damas. Le gouvernement syrien tente, de son côté, de montrer patte blanche. Son représentant à l'ONU Bachar Jaâfari, a assuré que Damas n'a pas fermé les portes à la mission d'enquête internationale estimant que son pays a le droit de « recevoir toutes les informations concernant les soupçons qui pèsent sur lui ».