Le parcours et l'œuvre du célèbre et regretté comédien Mohamed Hattab connu sous le nom artistique de Habib Réda, décédé mercredi dernier, sont une référence pour les jeunes artistes en quête de professionnalisation, ont estimé les professionnels présents la matinée de jeudi dernier autour de la dépouille mortelle exposée en un dernier adieu, au Palais de la culture Moufdi Zakari à Alger. De nombreux citoyens se sont recueillis à la mémoire de Habib Réda. Beaucoup parmi eux n'ont pu retenir leurs larmes devant le corps sans vie drapé de l'emblème national, au milieu d'une grande salle où des versets du Coran étaient diffusés. Parmi eux, figuraient les membres de la famille du défunt, des festivaliers, des hommes de théâtre algériens, magrébins, arabes et étrangers. Une ambiance très spéciale. Ici, chaque intervenant, à l'exemple de Abdelhamid Rabia, Ahmed Benaïssa, Mustapha Ayad, Hassan Benzerari, Brahim Chergui, Djamel Marir, évoque les qualités de ce grand homme qui a consacré sa vie à sa profession, à la création et à la promotion de l'art. De son côté, Abdelhamid Rabia a fait valoir que Habib Réda figure parmi les hommes de théâtre qui ont tenté de mettre l'art au diapason des mutations socioculturelles et intellectuelles du pays. Il a parlé de lutte culturelle ayant poussé les hommes de théâtre à modeler son approche du théâtre. Il voit en ce regretté comédien un « artiste complet » qui a tenté de contribuer à refondre la structure théâtrale, toujours à l'écoute tant du public que des petites gens, avec comme moyens la simplicité du verbe et le génie populaire, et comme unité de but « théâtraliser les faits » de société. Le défunt a été accompagné à sa dernière demeure par ses pairs nombreux à se rendre au cimetière d'El Kettar où il repose désormais. Pour rappel, le comédien et metteur en scène de théâtre Mohamed Hattab, plus connu sous le nom de Habib Réda est décédé le matin de mercredi dernier à Alger à l'âge de 94 ans. Né le 28 mars 1919 à Miliana (centre), Habib Réda entame une carrière d'acteur professionnel en 1939 dans la troupe de Mahieddine Bachtarzi, dont il était un des principaux comédiens. En 1955, Habib Réda quitte le théâtre pour s'engager dans la lutte armée. Il devient un des chefs de la zone autonome d'Alger avant d'être arrêté et condamné à mort en 1957. Sa frêle silhouette discrète et incontournable manquera certainement lors des hommages et des manifestations culturelles qu'il ne ratait jamais, répondant toujours présent aux invitations des organismes culturels qui le sollicitaient pour témoigner à la faveur des comédiens qu'il a connus et côtoyés. A l'exemple de ces retrouvailles concoctées par l'Etablissement Arts et Culture, en reconnaissance aux artistes vivants ou disparus et auxquels Habib Réda prenait part. Il était d'une grande clairvoyance et avait pour chaque moment une mémoire phénoménale et reconnaissante. La dernière apparition hommage qui lui a été rendu a été sans doute le mémorable numéro qui lui a été consacré sur le plateau de la télévision nationale, dans la défunte émission « Noudjoum Etalfaza », animée par Djallal et ces honneurs reçus au théâtre national... Habib Réda aura au moins été honoré de son vivant avant cet ultime qui l'a vu occuper l'actualité théâtrale de cette semaine et en plein festival professionnel du théâtre auquel il a toujours appartenu sans aucune équivoque.