La guerre que se livrent les différentes milices armées a connu, cette semaine, une exacerbation sans précédent. Jeudi, la tension était vive à Tripoli, au lendemain de violents affrontements ayant opposé deux groupes armés dans le quartier d'Abou Slim (5 morts et 97 blessés). Mardi, un groupe armé originaire de Zenten avait attaqué le siège de la garde des installations pétrolières à Tripoli, après avoir abandonné la surveillance d'un champ de pétrole dans le sud du pays au profit d'une brigade d'une tribu locale. D'autres brigades d'ex-rebelles de la Haute commission de sécurité (dépendant du ministère de l'Intérieur) s'étaient alors opposées par la force aux assaillants, arrêtant certains d'entre eux. En représailles, les Zentanis ont chassé ces brigades de leur QG d'Abou Slim, saccageant les lieux et libérant les prisonniers. Officiellement, les assaillants dépendent du ministère de la Défense. Mais dans la soirée, le chef d'état-major par intérim Salem Al Konidi a indiqué que « les forces qui n'obéissent pas aux ordres ne nous appartiennent pas ». Dans le sud du pays, trois voitures piégées ont explosé mercredi soir à Sebha (700 km au sud de Tripoli), faisant 2 morts et 17 blessés tandis qu'à Benghazi, un officier de l'armée a été tué, le même jour, par l'explosion d'une bombe placée dans son véhicule. En réaction à cette flambée de violence, le Premier ministre Ali Zeidan, a annoncé, jeudi, le limogeage du ministre de la Défense, Mohamed Al Barghathi, sur la demande du Congrès général national (CGN, Parlement), la plus haute autorité politique du pays. « Les membres du Congrès ont demandé au ministre de la Défense de démissionner ou de quitter ses fonctions. Le ministre avait déjà démissionné mais nous lui avons demandé de continuer dans ses fonctions en raison des circonstances dans le pays », a-t-il déclaré dans un discours. Se voulant rassurant, le Premier ministre a fait savoir qu' un nouveau chef d'état-major serait proposé au CGN en remplacement de Youssef Al Mangouch, qui avait démissionné le 9 juin après des violences meurtrières à Benghazi. M. Zeidan a souligné à cette occasion la « volonté » de son gouvernement et du CGN d'évacuer de Tripoli les milices et les brigades d'ex-rebelles ne faisant pas partie des forces régulières. « Par la force si nécessaire », précise-t-il.