La particularité du jeûne en cette période précise de l'année réside dans le fait qu'il permet la multiplication des récompenses en accomplissant le reste des piliers, la prière en particulier. De jour comme de nuit, la majorité des lieux de culte sont généralement bondés de fidèles et paraissent, le soir notamment, exigus pour contenir les marées humaines venues participer à la prière du tarawih, accomplie exceptionnellement les soirées de Ramadhan, précisément après la prière d'el icha. L'accomplissement de cette prière, qui relève, faut-il le dire, de la sunnah (pas obligatoire), diffère d'une mosquée à l'autre, voire d'un imam à l'autre. Composée généralement de 10 rakaate devant être accomplies par paire de 2 rakaate, incluant une salutation et une brève pause toutes les 4 rakaate pour le confort des fidèles, la prière du tarawih prend environ une heure de temps. La durée est habituellement déterminée par la lenteur ou la célérité de l'imam dans la récitation des verstes coraniques. De nature, les pratiquants préfèrent, souvent, terminer tôt la prière pour rentrer chez eux, faire leurs achats ou déambuler la nuit, histoire de rompre avec la monotonie du jour. D'autres veillent, à l'inverse, à ce qu'ils passent le plus de temps possible dans la mosquée durant ce mois. Des catégories de pratiquants se rendent dans d'autres quartiers, parfois lointains, pour les mêmes raisons. Le décor est ainsi différent d'un endroit à l'autre. « Les premiers jours du Ramadhan, j'accomplissais la prière de tarawih au niveau de la mosquée de notre cité, mais comme le réciteur n'était pas à la hauteur, j'ai décidé de changer de mosquée. L'humilité (el-khouchou'ou) est l'esprit de la prière. Quand on n'a pas ça, la prière devient mécanique, voire un fardeau dont on a hâte de se débarrasser. Dans ce cas, je préfère rester à la maison et prier seul, c'est mieux », confie Réda, un habitant d'Alger. Il poursuit sa confession en soulignant que « maintenant, je me sens bien là où je fais la prière, même si je dois m'y rendre en transport. Si vous n'arrivez pas à la première heure, vous ne trouverez pas un seul mètre carré de libre. Il y a plein de gens qui prient dehors, sur les trottoirs. L'imam de cette mosquée est jeune, certes, mais il a une parfaite maîtrise dans la récitation du Coran. Il passe beaucoup de temps, un temps qu'on ne voit pas passer. Bien au contraire, on aimerait à chaque fois que ça se dure encore plus ». Un autre pratiquant estime que les lenteurs marquées par quelques imams lors de la prière de tarawih suscitent lassitude parmi les fidèles. « On a constaté que certains imams récitent convenablement le Coran, mais ils sont lents dans l'accomplissement de la prière. Il faut faire la différence entre la prière et tadjwid (psalmodie). Les imams doivent prendre en compte la capacité de résistance des fidèles, car, dans la mosquée, on voit de toutes les franges. Les personnes âgées, par exemple, ne peuvent pas rester longtemps debout ou garder la tête pendant de longs moments au soudjoud (prosternation). Il y a des pratiquants qui évitent certaines mosquées pour toutes ces raisons. » D'autres personnes adoptent, pour diverses raisons, un autre procédé. Peu après la prière d'el icha, ils accomplissent deux ou quatre rakaat, au maximum, de la prière de tarawih, puis quittent les lieux. Qu'en pensent les imams ? « Au début de la prière, la mosquée est pleine de fidèles, qui remplissent, parfois, jusqu'à 10 rangées. Mais, peu à peu, les gens commencent à s'en aller et on se retrouve, à la fin de la prière, avec 2 ou 3 rangées seulement », affirme cet imam d'une mosquée d'Alger. Dans le même aspect, un autre dirigeant de la prière dans une mosquée de Tizi Ouzou fait savoir que la direction des habbous a invité les imams à ne pas trop prolonger la prière de tarawih en vue d'inciter plus les fidèles à y venir. Toutefois, il estime que la question est avant tout une affaire de foi, sans plus. « Celui qui est habitué à accomplir sa prière à la mosquée ne s'intéresse pas à ce genre de débat. Les gens doivent faire de leur mieux pour se rendre à la mosquée à chaque moment de prière, pas seulement durant le mois de Ramadhan. La prière de tarawih n'est qu'un plus. »