Les imams ne se sont pas empêchés d'user, durant le week-end, d'un langage cru et direct pour appeler les citoyens au civisme dans les mosquées durant le mois du Ramadhan. « Je vous le dis franchement, on ne veut plus de noyaux de dattes, de sachets de l'ben (petit lait) ou de restants de zalabia qu'on abandonne devant les piliers et qu'on est obligé de ramasser juste après la prière du maghreb », s'est offusqué un imam de la mosquée Malek Bennabi. Le moment de l'iftar (rupture du jeûne) est vécu autrement dans les lieux de culte. Alors que certains rompent le jeûne chez eux et partent accomplir leur prière, d'autres le font dans les mosquées en y apportant boisson et nourriture. « Les traces sont malheureusement visibles dans la salle de prière comme les pots de yaourt ou les bouteilles de jus en plastique, mais surtout des mets huileux comme le bourek ou k'ikaât (boulettes) de pomme de terre », a témoigné un membre du comité de la mosquée (loujnat el mesjid) à El Harrach. Une structure, avalisée par la direction de wilaya des affaires religieuses et des waqf, qui tente de veiller au bon fonctionnement du lieu de culte. Le comble, indique un bénévole dans une mosquée, est que « des croyants cachent sous le tapis la chemma (tabac à chiquer) ou laissent carrément leurs rebuts dans la salle d'ablution ». L'hygiène des toilettes au niveau des mosquées n'est pas en reste puisque des imams n'ont pas hésité à relever la situation qui prévaut avant la prière de Icha. « On a mis des panneaux appelant les gens à respecter l'état de propreté des lieux et durant le Ramadhan, on est obligé d'intervenir car certains prennent les toilettes de la mosquée pour des vespasiennes », lâche un membre du comité de la mosquée El Houda du 1er mai (Alger). « L'incivisme des citoyens a atteint même les mosquées avec souvent des dérives qui contredisent l'esprit de l'Islam », relève Y.B., professeur à l'université des sciences islamiques d'Alger. Cette situation incommode inévitablement ceux qui viennent faire la prière des tarawih (prières nocturnes durant le Ramadhan). Mais là aussi, un autre comportement est observé depuis avant-hier, début des tarawih. Des fidèles prennent position dans la salle des prières, selon l'emplacement des climatiseurs, ventilateurs ou carrément des fenêtres et des portes d'entrée. Chacun tente de marquer son petit territoire pour bénéficier de l'air frais en ces nuits ramadanesques marquées par une chaleur plus ou moins élevée. « Regardez-moi ces gens qui accaparent des places à l'intérieur de la mosquée qu'ils viennent réclamer chaque soir durant le Ramadhan, quitte à se bagarrer avec leurs coreligionnaires », s'est élevé un vieux à la mosquée Ibn Badis à Alger, lui qui a côtoyé cet illustre savant algérien. « On venait tôt pour psalmodier ou prier, pas pour marquer son territoire ou perdre son temps dans les discussions inutiles », précise-t-il. D'ailleurs, les femmes ont également été interpellées par les sermons des imams. « Il faut cesser le brouhaha qui provient du côté des femmes qui viennent surtout discuter et ramènent de surcroît leurs enfants en bas âge », a indiqué énergiquement un imam à Bachdjerah. Tous ces comportements négatifs ont conduit à déployer un effort supplémentaire de communication à l'occasion du sermon de vendredi dernier. Comme aussi de rappeler aux fidèles que le stationnement aux abords des mosquées est interdit. Cette question ne relève pas seulement d'un souci sécuritaire, mais également « pour éviter des frictions et des rixes qui paradoxalement surgissent à la fin de la prière des tarawih », a indiqué un policier.