L'opposition compte répondre aujourd'hui - date marquant les six mois de l'assassinat, le 6 février dernier, de l'opposant Chokri Belaïd - à la dernière sortie publique d'Ennahda à La Casbah. Elle a appelé à une marche de l'avenue 20-Mars à la place Bardo pour relancer ses trois revendications : dissolution de l'Assemblée nationale constituante, dont les travaux sont paralysés faute de consensus sur la future Constitution et des démissions en série de députés, 60 pour l'heure, démission du gouvernement et rendre publics les noms des responsables du meurtre de Chokri Belaïd. Ghannouchi, le leader d'Ennahda, a tracé à l'opposition les lignes rouges qu'elle ne doit pas dépasser. Tout sauf l'ANC et le chef du gouvernement, dit-il, ajoutant qu'il peut aller dans ses largesses jusqu'à la convocation d'un référendum populaire. « L'écrasante majorité des citoyens est pour le maintien de l'Assemblée nationale constituante », affirme Ali Larayedh, le chef du gouvernement. Selon lui, « le vide qui pourrait résulter de sa dissolution serait un danger pour la transition démocratique ». Un avis que partagent beaucoup d'analystes, notamment l'Union générale des travailleurs tunisiens et le patronat tunisien. Fort du soutien de Ghannouchi et réconforté par la dernière sortie médiatique de Hamadi Jebali sur le journal Le Monde - « Ce n'est pas seulement la Tunisie qui bouge, c'est une même tendance, un même cyclone partout à l'œuvre, en Egypte, en Libye ou au Yémen, voire en Syrie, pour liquider le printemps arabe », avait déclaré au journal-, le chef du gouvernement sort la grosse artillerie. Il demande aux terroristes de se rendre. « Rendez les armes, rendez-vous à la police, et la société et la justice le prendront en considération », leur a-t-il dit. Lotfi Ben Jeddou, son ministre de l'Intérieur, déclare que « lorsqu'un pays est frappé par le terrorisme, tous ses citoyens resserrent les rangs, sauf en Tunisie où le terrorisme divise », dit-il, exhortant les partis et les organisations à s'unir dans la lutte contre le terrorisme qui menace de s'en prendre à des personnalités nationales (politiques et journalistes). Dans la foulée, le ministre de l'Intérieur fait une révélation. « Ezzeddine Abdellaoui, le salafiste qui a été arrêté dimanche par la brigade antiterroriste à Al Ouardia, dans la banlieue de Tunis, est impliqué dans l'assassinat de Chokri. Ce membre d'Ansar al Chariaâ aurait reconnu les faits », dit-il. Abdelmajid Belaïd, le frère du démocrate assassiné, qui a entendu d'autres noms, espère que l'annonce de cet « ancien policier revenu de Syrie » n'est pas une diversion pour détourner l'attention de l'opinion publique de la marche. Loin de cette querelle de clocher, l'armée tunisienne continue ses opérations « aériennes et terrestres » contre le groupe armé lié à Al Qaïda qui s'est installé sur le mont Chaâmbi.