Qui n'a pas été dérangé, ne serait-ce qu'une fois dans sa vie, par des bruits intempestifs pendant la nuit ? Qui n'a pas eu envie un jour d'étrangler son voisin qui a eu l'idée d'utiliser sa perceuse à l'heure de la sieste ? Qui d'entre nous n'a pas pesté contre ces jeunes pétaradant à moto et lançant des cris primitifs ? Incontestablement personne. En fait qu'elles soient nocturnes ou diurnes, les nuisances sonores sont devenues une norme que l'Algérien, s'il n'en est pas victime, en est parfois l'auteur. Cherifa, habitante du centre-ville de Zemmouri (Boumerdès), dénonce les tapages qui deviennent, au fil des jours, insupportables. « Le passage en groupe des jeunes en motos, nous tire, chaque nuit que Dieu fait, de notre sommeil ; cela dure jusqu'à des heures indues de la nuit », se plaint-elle. Seul bémol : l'arrivée du mauvais temps qui fait cesser ces pétarades. Autre lieu : Bab El Oued. Dans ce quartier populaire d'Alger, les bruits proviennent généralement des voisins. « Les relations de bon voisinage commencent par le respect de la tranquillité des autres », résume cette veuve qui vit seule. Et pour cause : « Mes pires ennemis sont mes voisins. Je n'arrive pas à trouver la tranquillité même après minuit », déplore-t-elle une larme à l'œil. Sa malchance ? L'appartement du dessus est habité par des jeunes qui jouent bruyamment aux cartes et aux dominos jusqu'au petit matin. « On me pousse peut-être à vendre l'appartement dans lequel j'ai vécu depuis plus de 50 ans », se désole-t-elle. Mais impossible de se défaire d'un appartement malgré les sollicitudes de ses enfants. « Quitter cet appartement, c'est mourir un peu », souffle-t-elle. Dans la Basse Casbah, les habitants de la rue Ahmed-Allam sont dérangés par les bruits dégagés par la salle des fêtes mitoyenne au Théâtre régional d'Alger. Ils affirment que ces bruits nuisent à leur repos. Plusieurs requêtes ont été transmises à l'APC mais « rien n'a été réglé depuis plus de 10 ans », précise un habitant du bâtiment 9. Puisque le bruit dérange certains, une question s'impose ? C'est quoi le tapage nocturne et que dit la loi ? Les sociologues définissent le tapage nocturne par « celui qui se réalise entre le coucher et le lever du soleil, la fourchette usuelle de 22h00 à 6h00 ». Et le tapage injurieux est celui qui présente un caractère injurieux dès lors qu'il est de nature à troubler la tranquillité ou la santé d'autrui. Il est défini dans l'article 3 du code de la santé publique comme suit : les niveaux sonores maximums admis dans les zones d'habitation et dans les voies et lieux publics ou privés sont de 70 décibels (70 dB) en période diurne (6h à 22h) et de 45 décibels (45 dB) en période nocturne (22h à 6h).