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Le lion des tribunaux
Décès de Maître Jacques Vergès
Publié dans Horizons le 16 - 08 - 2013

L'avocat français Jacques Vergès est décédé, jeudi, à Paris, à l'âge de 88 ans de causes naturelles. Né en 1925 en Thaïlande d'un père réunionnais et d'une mère vietnamienne, morte alors qu'il n'avait que trois ans, il sera mêlé de près à l'histoire de notre pays. Engagé dans la résistance gaulliste, il mit les pieds en Algérie, fin 1943, affecté dans une unité d'artillerie. C'est surtout en poursuivant, à Paris, après la Seconde Guerre mondiale, des études d'histoire, qu'il noua des liens très étroits avec les étudiants venus d'Afrique noire et du Maghreb. Il militait alors au PCF qui organisait une école centrale de formation. En 1950, il est élu au congrès de l'Union internationale des étudiants. C'était la grande époque de fermentation nationaliste et de la guerre froide où l'homme voyageait beaucoup notamment en Chine, en Inde et en Tchécoslovaquie où il vécut durant quatre années. Il avait l'âme d'un internationaliste et était alors un fervent défenseur des peuples dominés qui avaient droit à l'indépendance. Pour les Algériens, maître Vergès sera surtout connu pour avoir défendu les militants nationalistes poursuivis par les autorités coloniales en Algérie. Avec maîtres Benabdallah, Oussedik, Gisèle Halimi, Roland Dumas, Bendimerad, Vergès fera partie du collectif des avocats du FLN. Inscrit depuis 1955 au Barreau d'Alger, il plaidera, à ce titre, dans des centaines d'affaires, comme celles des auteurs de l'attaque des dépôts de Mourepiane ou des membres du réseau Jeanson. C'est à cette époque qu'il met en avant sa fameuse défense de rupture. L'accusé se muait en accusateur et le prétoire en tribune d'expression. Vergès se situait en dehors du droit français, refusait ses règles qui ne concernaient pas les Algériens car ils n'étaient pas français. Cette position courageuse, qui a permis notamment de faire connaître le recours à la torture, lui vaudra une suspension d'une année. Il sera même poursuivi devant le Tribunal militaire. Une bombe a même explosé au bas de l'escalier qui menait à son cabinet, rue Villiers à Paris. Il vivra, après l'indépendance, quelque temps en Algérie où il prend la nationalité algérienne. Il fut pendant quelques mois, chef de cabinet au ministère des Affaires étrangères, dirigé alors par Mohamed Khemisti, un de ses anciens clients. Il fut ensuite directeur l'hebdomadaire Révolution Africaine où, après son départ en 1963, il sera remplacé par Harbi. C'est à cette époque que « Mansour » se convertit à l'islam et épousa Djamila Bouhired, une de ses clientes qu'il avait défendue en juillet 1957 devant le Tribunal militaire d'Alger. Il écrivit, avec George Arnaud, « Pour Djamila Bouhired », qui eut un grand retentissement médiatique et politique. Inscrit toujours au Barreau d'Alger, il sera un fervent défenseur des fidayines palestiniens tout au long des années 60 et 70.
Causes perdues ?
Depuis, l'homme a défendu ce que tout le monde croit être des causes désespérées. Il fut vilipendé quand il prit en charge, en 1987, en compagnie de l'Algérien maître Nabil Bouaita, la défense de Klaus Barbie, le chef de la Gestapo à Lyon, d'Anis Naccache, de George Ibrahim Abdallah ou des amis de Carlos. Il défendra aussi Omar Hadad, l'ouvrier marocain accusé d'avoir assassiné sa patronne. Dans un procès reconstitué à la télévision, il défendra même le roi Louis XVI. Plus récemment, il se proposa pour défendre Khaddafi, Saddam Hussein ou Milosevic. L'homme s'impliquait dans des affaires à forte teneur politique où se posaient des problématiques complexes comme les droits de l'homme, le terrorisme ou la récupération des faits historiques. Vergès, friand des médias, n'aura jamais laissé indifférent. Lui estimera toujours que « tout homme a le droit d'être défendu, et plus l'accusation est grave, plus il a le droit d'être défendu ». Ses plaidoiries mettent en cause l'hypocrisie du monde occidental, n'hésitant pas à s'en prendre à ceux qui cherchent à réduire le racisme à l'antisémitisme. Un jour, il expliqua que « certains oublient l'histoire pour privilégier un moment de l'histoire, soit qu'ils en aient souffert, soit qu'ils veuillent en tirer une espèce de lettre de crédit sur tous les autres, ce que je n'admets pas... ». Avocat hors normes, controversé, il suscitera beaucoup de polémiques médiatiques qui lui valurent plusieurs procès. C'est ainsi que lors de sa disparition de 1970 à 1978, on supposa qu'il était au service des sanguinaires Khmers rouges au Cambodge. Par rapport à l'Algérie où il a séjourné à plusieurs reprises pour des visites et des conférences, il aimait rappeler que si les Algériens combattaient, lui luttait. Il ne prit pas de position frontale contre l'intégrisme islamiste estimant que la « religion pouvait maintenir une manière de vivre différente pour une Algérie profonde un peu oubliée par les dirigeants nationaux et étrangers ». Cette grande personnalité était l'auteur de plusieurs ouvrages comme « Beauté du crime », « De la stratégie judiciaire » et « Fidayines ». Il s'est même converti en acteur de théâtre pour défendre ses idées sur les planches. Un film documentaire, « L'avocat de la terreur », réalisé par Barbet Schroeder, a retracé, en 2007, l'itinéraire de cet homme exceptionnel. Malgré les attaques, les procès d'intention, il a toujours fait sienne cette remarque de Vigny : « Les dindons vont en troupe, le lion est seul dans le désert. »


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